Quand j’ai mis fin à mon engagement partisan il y a deux ans, je m’étais dit que j’allais prendre le temps de réfléchir à ce que j’avais traversé, à ce que j’avais réalisé, aux projets menés durant ces 15 années d’engagements et aux missions professionnelles plus ou moins longues que l’on m’avait confiées, avant de retourner sur le terrain.
Ce qui m’a le plus marqué dans mon engagement, c’était les difficultés rencontrées en tant que femme, jeune, engagée, dans un monde conçu et géré par des hommes. En d’autres termes, et je ne vous apprends rien, le sexisme omniprésent en politique, comme dans tous les milieux, m’a fait beaucoup souffrir. Trop. Mais pas seulement le sexisme. J’ai aussi beaucoup souffert du fonctionnement des appareils partisans.
Pour la plupart des gens, faire de la politique c’est s’engager dans un parti politique. Mais après 15 années d’engagements politiques professionnels et bénévoles, évoluant dans deux partis politiques différents, je peux dire aujourd’hui que l’engagement politique va bien au-delà des partis.
L’engagement politique prend de nombreuses formes au quotidien. Choisir une carrière professionnelle, choisir de mettre son temps à disposition des gens, choisir de gagner beaucoup d’argent en écrasant les autres, choisir la loyauté ou trahir ses principes, choisir l’engagement associatif, pratiquer un sport ou une activité non lucrative, choisir de payer ses impôts ou d’ouvrir un compte dans un paradis fiscal, choisir de se lever tôt le matin pour aller faire un tour au marché ou de se coucher tard le soir après avoir passé la soirée dans un bar, choisir de vivre en société et de participer à la vie locale et même choisir de vivre isolé du monde, tous les choix de vie que nous faisons sont politiques, ils nous impliquent dans le monde qui nous entoure et nous engagent vers un avenir de plus en plus incertain.
Les partis politiques ne sont qu’un moyen d’enfermer violemment les gens dans des bulles idéologiques qui ne sauraient être le reflet parfait de leurs idées. Personne ne peut être complètement d’accord avec toutes les décisions, toutes les orientations d’un seul parti politique, sauf éventuellement son créateur lorsqu’il est une seule et unique personne. En effet, nous avons chacun des intérêts personnels qui ne sauraient être absolument tous défendus par un même parti politique, il y aura forcément des points de désaccord, des zones d’ombre, et c’est tout à fait normal. Les partis politiques n’ont pas des avis sur tout, et nous non plus.
Évidemment, on peut avoir des proximités idéologiques avec certains partis plus que d’autres, on peut se positionner sur une cible qui ressemblerait tous les partis, mais vu la pauvreté de l’offre politique dans notre pays, beaucoup d’entre nous ne se sentent pas du tout représentés. Et même parmi les adhérents des partis, je peux vous affirmer que beaucoup sont souvent déçus. Enfin, ne venez pas me dire que vous êtes d’accord avec 100% du programme porté par votre parti, si vous le faites j’aime autant vous prévenir : soit vous mentez consciemment, soit vous vous mentez à vous même. Et après toutes ces années passées à côtoyer des menteurs et des naïfs, je ne saurais dire ce qui est le pire.
C’est cet amer constat qui m’a fait mettre fin à mon engagement partisan. Je ne suis pas dans un rejet total des partisans, j’estime que ces gens sont libres de faire des choix, l’engagement partisan reste un engagement politique, un engagement pauvre et vide de sens à mon avis, mais cela reste un engagement et tout engagement est respectable. Je suis en revanche dans un rejet total et revendiqué des appareils partisans.
Aujourd’hui, je refuse d’être associée ou enfermée dans une organisation, dans une idéologie. Je décide de mes choix, de mes actes, j’accepte qu’on me conseille et qu’on m’accompagne dans mon cheminement politique, dans mes engagements quotidiens, mais je tiens à conserver ma liberté individuelle, celle qui me permet de réfléchir par moi-même aux décisions que je prends pour moi, pour ma famille et pour celles et ceux qui me font confiance. C’est comme cela que j’envisage aujourd’hui mon engagement politique, et c’est dans cet esprit que j’ai décidé de retourner sur le terrain.
Aujourd’hui, et depuis quelques mois, je vis dans une ville située au cœur de la Seine-Saint-Denis. Avec mon conjoint nous avons acheté une maison. Nous cherchions à nous rapprocher de son lieu de travail, notre recherche allait d’Argenteuil à Sevran. Après avoir trouvé la maison de nos rêves, nous avons choisi de déménagé de Juvisy-sur-Orge pour nous installer aux Pavillons-sous-Bois.
Lui et moi, surtout moi, vous me connaissez, avions depuis longtemps la volonté de nous engager sur le terrain, de participer à la vie locale. Sachant que nous allions partir de Juvisy, nous avons religieusement attendu de connaître notre point de chute avant de nous engager. Alors, quand nous sommes arrivés aux Pavillons-sous-Bois, j’ai très vite chercher à rencontrer les gens qui sont déjà engagés sur place.
J’ai assisté à des réunions, écouté les élus de tous les bords politiques, je suis allée régulièrement sur le marché tendre l’oreille et, malgré mon rejet affirmé des appareils partisans, j’ai même tenté de contacter ceux dont je me sens le plus proche pour en connaître les membres adhérents et actifs dans ma nouvelle ville d’adoption afin de les rencontrer pour discuter de l’état de la ville et de leurs projets pour le futur.
Il faut savoir que la ville est plutôt agréable au premier abord mais, quand on y vit au quotidien, on ne peut que constater qu’elle s’est refermée sur elle-même sous l’impulsion d’une municipalité qui semble déconnectée des besoins de ses concitoyens. Mais j’en reparlerai une autre fois.
La plupart des partis politiques que j’ai contactés ne m’ont jamais répondu. Alors j’ai commencé à travailler avec les gens qui sont déjà engagés sur le terrain et, de fil en aiguille, je me suis engagée chaque jour un peu plus sur un nouveau chemin inattendu. Il se trouve qu’ici, comme dans beaucoup d’autres villes françaises, de moins en moins de gens, de moins en moins de jeunes, ont envie de s’engager. L’engagement politique est difficile, il est semé d’embûches, surtout quand on est une femme avec des idées, des convictions et des principes. Mais je suis une personne persévérante et mue par une force intérieure qui, parfois, me dépasse moi-même.
Au départ, je voulais simplement proposer mon aide pour organiser une campagne électorale pour réunir la gauche en vue des élections municipales qui arrivent en mars prochain. Je suis en train de monter mon activité individuelle, de m’installer dans ma nouvelle maison et donc de gérer des travaux et, par ailleurs, de passer un Master de science politique en VAE. Autant vous dire que j’ai déjà des journées plutôt bien remplies… mais après avoir participé à plusieurs campagnes électorales, dont deux élections municipales (2014 – candidate sur une liste écologiste à Pantin / 2020 – directrice de campagne à Caen) et après avoir été cheffe de cabinet d’une maire d’une ville de 30 000 habitants, je sais que mes compétences et mon expérience en la matière sont toujours utiles et, comme vous l’avez compris, l’engagement de terrain me manquait.
Mais de fil en aiguille, ma volonté de participer s’est transformée en moteur, et après plusieurs échanges avec les élus de l’opposition locale, en l’absence de volontaire pour mener la campagne malgré toutes mes démarches auprès des organisations politiques locales, j’ai fini par naturellement prendre la tête des opérations.
Alors oui, après y avoir sérieusement réfléchi, après avoir pesé le pour et surtout le contre, après en avoir discuté avec mon conjoint qui m’a aussitôt encouragée à y aller, j’ai décidé de me presenter aux élections municipales dans la ville des Pavillons-sous-Bois en prenant la tête d’une liste citoyenne que nous avons tout simplement appelée Pavillons Citoyens.
Je souhaite mener une campagne de rassemblement autour d’un projet collectivement décidé, ouvert et citoyen, qui ressemble aux gens et qui rassemble les gens. Et si vous me connaissez alors vous savez que, dans tous mes engagements, j’ai toujours mis un point d’honneur à remettre de la démocratie là où il n’y en avait plus. Et dans cette ville dans laquelle je compte vivre de belles années, j’ai vite compris qu’on en manquait sérieusement. Il est inconcevable que je vive dans une ville qui n’écoute pas les gens qui la vivent au quotidien, je me refuse à laisser le pouvoir entre les mains de cette vieille garde politique qui maltraite ses opposants, qui délaisse ses concitoyens et qui ressasse des arguments vieux de 10, 20, 30 ans sans jamais se remettre en question, quelle qu’en soit la couleur partisane revendiquée ou non lorsqu’elle se présentera au scrutin en mars prochain.
Plus que jamais aujourd’hui, je suis convaincue que nous devons tout faire pour mieux vivre ensemble, loin des clivages partisans qui nous éloignent les uns des autres, loin des accords d’appareils qui ne représentent que leurs propres intérêts sans jamais se préoccuper des problématiques locales, qui ne viennent sur le terrain que pour quémander nos voix et qui repartiront aussitôt après sans jamais s’investir pour notre bien commun.
Je me présente aux élections municipales parce que, malgré toutes mes déceptions politiques, je crois encore que le niveau municipal est celui sur lequel nous avons le plus d’impact concret et je crois surtout en notre capacité à nous unir pour notre bien commun, pour que notre avenir soit un peu moins incertain.
Alors si vous vivez aux Pavillons-sous-Bois ou si vous y connaissez des gens que tout cela intéresse, cette publication se veut comme un appel à leur attention.
Discutons !
Contact@pavillonscitoyens.fr
Laisser un commentaire