Journal de bord / Mes interventions · 9 décembre 2023

Discours : Ma démission de la présidence du Parti Pirate International / My resignation from the presidency of the International Pirate Parties

English version below

Bonjour,

Quand j’ai accepté de prendre la présidence du Parti Pirate International, personne d’autre n’était volontaire, Bailey voulait arrêter après 6 ans de mandat et la seule autre personne qui souhaitait reprendre le flambeau s’est déclarée au dernier moment, tout comme moi. J’ai été élue comme Emmanuel Macron l’a été à chaque fois qu’il a remporté l’élection, par dépit, parce que c’est le probablement le moins pire. Mais contrairement à Emmanuel Macron, je ne tiens pas entre les mains le destin de toute une nation, ce que j’ai entre les mains, le mandat que je dois mener aujourd’hui, c’est celui de la présidence d’une coquille vide pour une organisation qui se meurt. Et si j’ai encore plein d’énergie pour mener mes projets et faire entendre mes idées, je ne souhaite pas gaspiller mon temps et mon talent pour une cause qui n’est pas la mienne. Je refuse de continuer à donner mon temps à une organisation morbide dont le seul but est de donner à des personnes toxiques un endroit pour se tirer mutuellement dans le dos dans l’objectif mesquin de s’accaparer la lumière.

Le Parti Pirate était peut-être une belle promesse, au départ, la promesse d’une transformation de la société avec des idées progressistes, des propositions ambitieuses, un programme futuriste qui suggérait un renouveau démocratique, la défense des libertés individuelles, l’utilisation de cet outil merveilleux qu’est Internet dans l’exercice de la politique. Mais cette promesse a été portée par des personnes malveillantes avec des ambitions personnelles, à tel point qu’elles ont détruit tout ce qui aurait pu faire du Parti Pirate une organisation saine, pérenne et progressiste.

Je pensais avoir envie de reprendre le lourd fardeau qui consiste à faire survivre ce qui reste de cette organisation, je pensais avoir envie de poursuivre les travaux que j’ai menés en France, de porter à un niveau international les idées novatrices que nous avons déployées et appliquées pendant ces 5 dernières années.

Mais je n’ai plus envie de faire ça.

J’ai vécu des choses ces derniers mois qui m’ont fait revoir le sens de mes priorités, et l’une de ces priorités est de prendre soin de moi et des miens.

Pour cela, je n’ai plus envie de perdre mon temps et de gâcher mon talent avec des personnes qui ne me méritent pas, avec des personnes qui ne me respectent pas.

Vous, le Parti Pirate, ne me méritez pas, et la plupart d’entre vous ne m’avez jamais respectée.

J’ai donné, j’ai tenté, j’ai proposé, j’ai partagé, j’ai fait de mon mieux, mais je constate que tout ce que j’ai essayé de porter s’est vu soit ignoré, soit méprisé par la plupart d’entre vous, chers membres de ce Bureau.

Cette année de présidence m’a permis de mieux comprendre les raisons pour lesquelles certains de nos collègues pirates ont préféré quitter cette organisation. D’abord, il nous a fallu pas moins de trois réunions, soit trois mois, pour décider d’un calendrier de réunions qui conviendrait au plus grand monde. Pour mettre le plus de monde d’accord, j’avais ouvert un sondage dont les réponses nous ont amenés à choisir deux créneaux. Devant l’absence de consensus lié à une volonté de nuisance de la part de certains membres du Bureau, j’ai fini par proposer que le Bureau se réunisse une fois par mois, et pour que le plus de monde puisse y participer, ces deux réunions devaient avoir lieu à 5h du matin (UTC) un mois sur deux, et à 21h (UTC) l’autre partie de l’année. Même ça, ce Bureau n’a pas été capable de le respecter, il a fallu que je manque une seule réunion pour que ce calendrier soit aussitôt modifié unilatéralement, sans aucun préavis, par quelques membres isolés du Bureau. Et inutile de proposer que des décisions asynchrones soient organisées, les membres du Bureau s’y sont systématiquement opposés, prétextant je ne sais quelle règle qu’ils avaient eux-mêmes décidée pour leur petit confort personnel.

En avril dernier, lorsque j’ai été bannie de Twitter, je vous ai proposé de lancer une action pour dénoncer le deux poids, deux mesures appliqué par Elon Musk en matière de liberté d’expression, personne ne m’a suivie, personne ne m’a aidée. Nous avions là une occasion en or de faire un coup de communication et un coup politique, mais vous étiez bien trop occupés à vous regarder le nombril tout en vous moquant éperdument de ce que je pouvais raconter.

À chaque réunion à laquelle j’ai assisté, chaque propos tenu était une autre méthode pour me faire comprendre que, peut-être parce que je parlais trop, j’étais gênante, peut-être parce que j’étais trop directe, trop franche, parce que je vous ai mis le nez dans votre propre merde de trop nombreuses fois, il fallait me faire taire, comment ? Le discrédit, l’insulte, le mépris, la condescendance… L’Islande, la Suède, l’Autriche, même la France avaient fini par fuir devant leurs gamineries, devant leur approbation ou leur absence de réaction face aux pires traitement réservés à toutes les femmes qui auraient eu l’outrecuidance de leur tenir tête, même l’espace d’un instant, quelque soit le sujet.

Finalement, le patriarcat est leur dernière arme, la seule qui leur reste, et elle les deshonore.

Ce que je pensais des partis politiques il y a 15 ans est plus que jamais vrai et toujours d’actualité. Simone Weil avait raison, pour le bien de notre société nous devrions tout faire pour détruire les partis politiques, et ce n’est pas en essayant de changer l’un d’entre eux, un parti qui n’a pas envie d’évoluer et qui se complait dans la médiocrité portée par ses insipides, lâches, misogynes et grotesques représentants, que nous y parviendrons.

J’ai essayé de leur faire comprendre que leurs actes étaient indignes, que leur attitude était méprisable, qu’ils se comportaient comme des enfants trop gâtés et que ce comportement ne pouvait mener qu’à la destruction de ce qu’ils prétendent aujourd’hui protéger de moi ou des femmes qui auraient une trop grande gueule. Mais ce qu’ils refusent de comprendre, c’est qu’ils ont déjà tout détruit il y a bien longtemps, et s’ils veulent continuer à jouer ce petit jeu là, s’ils veulent absolument se comporter comme des gosses, alors c’est une mère qu’il leur faut. Je ne souhaite pas avoir d’enfant, je n’ai pas envie de devenir une mère, il est donc normal et naturel que je refuse de jouer ce rôle là pour eux.

Je ne suis pas leur maman, je ne suis pas leur bonne, je ne suis pas leur esclave, je ne suis pas un punchingball, je ne suis pas une carpette sur laquelle ils peuvent s’essuyer les pieds, je ne suis pas un puit dans lequel ils peuvent vider leur bile… S’ils ont besoin de baver, qu’ils bavent, ils ne savent faire que ça, mais moi je veux construire des choses utiles, et maintenant j’ai pleinement conscience que je veux faire ça sans eux, je n’ai plus envie de perdre mon temps avec eux, ils m’ont suffisamment saoulée et ils n’intéressent personne d’autre qu’eux-mêmes.

À toutes les personnes qui observent le Parti Pirate, tenez vous le pour dit : Cette organisation n’est que le pâle reflet de ce qu’elle aurait pu être, c’est aujourd’hui un berceau misogyne, un groupuscule toxique dans lequel seuls les hommes cis blancs d’un certain âge sont acceptés et peuvent s’exprimer. Regardez vous, regardez autour de vous, combien de femmes voyez vous ? Combien de personnes non blanches voyez vous ? Combien de jeunes voyez vous ?

Dans tous les pays, nous aurions pu construire une organisation progressiste, mais nous sommes aujourd’hui bloqués par des petits groupes de personnes sans ambition qui n’ont pour seul objectif que leur propre évolution politique, mais dites-moi, où sont passé les idées qui ont forgé cette organisation ?

Des idées, parmi vous, nombreuses sont les personnes qui n’en ont jamais eu, sauf peut être une seule, simple, celle d’écraser les autres et d’asseoir leur autorité.

Vous voulez changer le monde ? Fuyez ! Loin ! Ne vous retournez pas ! Vous avez beaucoup donné pour ce parti ? C’est difficile mais je vous promets que rien de ce que vous souhaitez voir n’arrivera grâce à ce parti là. C’est un parti comme les autres, pire que les autres, c’est une coquille vide, un ramassis de personnes toxiques qui ne s’épanouissent que dans la destruction de tout ce qui pourrait leur faire de l’ombre.

Partez, loin, ne vous retournez pas, ne regardez pas en arrière, faites votre deuil, allez de l’avant, le futur est merveilleux, le Parti Pirate est moribond, c’est un zombie, ne perdez pas votre temps, ne gâchez pas votre talent, ce n’est pas ici qu’il sera utile et valorisé, bien au contraire. Si vous avez du talent, si vous avez de l’énergie, si vous avez des idées, si vous restez ici, vous finirez broyé et démoralisé à cause de ces quelques nuisibles qui s’accrocheront à vous comme des parasites à son hôte.

Moi, vous l’aurez compris, je démissionne, sans remord, sans regret, je les laisse dans leur bave, ils y ont l’air à l’aise, et je n’ai plus envie de perdre mon temps à essayer d’empêcher ce navire de couler pendant que d’autres le remplissent d’eau, c’est inexorable, jamais aucun d’entre eux ne se remettra en question, le Parti Pirate est mort, il finira de toute façon par sombrer, je préfère quitter le navire avant que les rats n’aient fini d’en dévorer la coque et je vous conseille de m’emboiter le pas.

Avec tout mon amour, on se retrouvera sous d’autres cieux…


Hi everybody,

When I agreed to take over the presidency of the PPI, no one else was willing, Bailey wanted to quit after 6 years in office and the only other person who wanted to take over declared himself at the last moment, just like me. I was elected like Emmanuel Macron was every time he won the election, out of spite, because he is probably the least worst. But unlike Emmanuel Macron, I don’t hold the destiny of an entire nation in my hands, what I have in my hands, the mandate that I must carry out today, is that of the presidency of an empty shell for an organization that is dying. And if I still have plenty of energy to carry out my projects and make my ideas heard, I don’t want to waste my time and my talent for a cause that isn’t mine. I refuse to continue to give my time to a morbid organization whose sole purpose is to give toxic people a place to shoot each other in the back with the petty goal of hogging the spotlight.

The Pirate Party was perhaps a great promise, initially, the promise of a transformation of society with progressive ideas, ambitious proposals, a futuristic program which suggested a democratic renewal, the defense of individual freedoms, the use of this wonderful tool that is the Internet in the exercise of politics. But this promise was carried by malicious people with personal ambitions, to the point that they destroyed everything that could have made the Pirate Party a healthy, sustainable and progressive organization.

I thought I wanted to take up the heavy burden of keeping what remains of this organization alive, I thought I wanted to continue the work that I carried out in France, to bring to an international level the innovative ideas that we have deployed and applied over the last 5 years.

But I don’t want to do that anymore.

I’ve experienced things in recent months that have made me rethink my priorities, and one of those priorities is taking care of myself and my loved ones.

For this, I no longer want to waste my time and waste my talent with people who don’t deserve me, with people who don’t respect me.

You, the Pirate Party, don’t deserve me, and most of you have never respected me.

I have given, I have tried, I have offered, I have shared, I have done my best, but I find that everything I have tried to carry has been either ignored or scorned by most of you, dear members of this Board.

This year of presidency of our international organization allowed me to better understand the reasons why some of our pirate colleagues preferred to leave. First, it took us no less than three meetings, that is to say three months at a rate of one meeting by month, to decide on a meeting schedule that would suit as many people as possible. To get as many people as possible to agree, I opened a survey whose responses led us to choose two slots. Faced with the lack of consensus linked to a desire to cause nuisance on the part of certain members of the Board, I ended up proposing that the Board meet once a month, and so that as many people as possible can participate, these two meetings were to take place at 5 a.m. UTC every other month, and at 9 p.m. UTC the other part of the year. Even that, this Board was not able to respect it, I had to miss a single meeting for this schedule to be immediately modified unilaterally, without any notice, by a few isolated members of the Board. And it has been pointless to propose asynchronous decisions, the members of the Board systematically opposed it, claiming some kind of rules they themselves had decided for their own personal comfort.

Last April, when I was banned from Twitter, I suggested to launch an action to denounce the double standards applied by Elon Musk in terms of freedom of expression, no one followed me, no one helped me. Here we had a golden opportunity to pull off a communications stunt and a political stunt, but you were too busy navel-gazing while you were mocking what I had to say.

At every meeting I attended, every comment made was another method of making me understand that, maybe because I talked too much, I was embarrassing, maybe because I was too direct, too frank, maybe because I stuck their nose in their own shit too many times, I had to be shut up, how? The discredit, the insult, the contempt, the condescension… Iceland, Sweden, Austria, even France had ended up fleeing from their childishness, from their approval or their lack of reaction to the worst treatment reserved for all women who would have had the audacity to stand up to them, even for a moment, whatever the subject.

Ultimately, patriarchy is their last weapon, the only one they have left, and it dishonors them.

What I thought about political parties 15 years ago is more true than ever and still relevant today. Simone Weil was right, for the good of our society we should do everything to destroy political parties, and it is not by trying to change one of them, a party that doesn’t want to evolve and who delights in the mediocrity carried by its tasteless, cowardly, misogynistic and grotesque representatives, that we will succeed.

I tried to make them understand that their actions were unworthy, that their attitude was despicable, that they behaved like spoiled children and that this behavior could only lead to the destruction of what they now pretend they are protecting from me or from women with bigmouth. What they refuse to understand is that they already destroyed everything a long time ago, but if they want to continue playing this little game, if they absolutely want to behave like kids, then they need a mother. I don’t want to have children, I don’t want to become a mother, so it’s normal and natural that I refuse to play this role for them.

I’m not their mom, I’m not their maid, I’m not their slave, I’m not a punching bag, I’m not a rug they can wipe their feet on, I’m not a sink in which they can empty their bile… If they need to bitch about people, I prefer let them do it without me, I understand now that they know more than everyone how to do that, but me I want to build useful things, and now I’m fully aware that I want to do that without them, I no longer want to lose my time with them, I’m sick of them and their behavior and nobody cares of them but theirselves.

To all the people who observe the Pirate Party, take it for granted: This organization is only the pale reflection of what it could have been, it is today a misogynistic cradle, a small toxic group in which only white cis men of a certain age are accepted and able to express themselves. Look at yourself, look around you, how many women do you see? How many non-white people do you see? How many young people do you see?

In all countries, we could have built a progressive organization, but today we are blocked by small groups of people without ambition whose only objective is their own political evolution, but tell me, where are the ideas that shaped this organization?

Ideas, among you, many people have never had any, except perhaps one simple one, that of wrecking others and impose their authority.

Do you want to change the world? Run away ! Far ! Don’t look back! Have you given a lot to this party? It’s difficult but I promise you that nothing you want to see will happen thanks to this party. It’s a party like the others, worse than the others, it’s an empty shell, a bunch of toxic people who only blossom in the destruction of everything that could overshadow them.

Go away, far, don’t look back, mourn, move forward, the future is wonderful, the Pirate Party is dying, it’s a zombie, don’t waste your time, don’t waste your talent, it is not here that it will be useful and valued, quite the contrary. If you have talent, if you have energy, if you have ideas, if you stay here, you will end up crushed and demoralized because of these few pests who will cling to you like parasites to their host.

As you will have understood, I resign, without remorse, without regret, I leave you with their badmouth, they seem to comfortable doing nothing usefull, and I no longer want to waste my time trying to prevent this ship from sinking while others fill it with water, it is inexorable, none of them will ever question theirselves, the Pirate Party is dead, it will eventually sink anyway, I prefer to leave the ship before the rats have finished devouring its hull, and I advise you to do follow suit.

With all my love, see you under foreign skies!


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