Des nids de démocratie · 3 janvier 2021

À la recherche des libertés perdues…

J’ai l’impression que toutes les personnes qui s’opposent à la loi « Sécurité Globale » ainsi qu’à la loi « Séparatisme » sont plus divisées que jamais, l’impression qu’on nous a tellement divisés qu’on n’arrive même plus à se rassembler contre des lois autoritaires que même la démocratie la moins exemplaire n’oserait pas promulguer.

Oui, une personne sensée, démocrate, défendant les droits de l’homme, ne peut que s’opposer à ces lois « Sécurité Globale » et « Séparatisme », et les considérer comme peut-être la pire atteinte aux libertés de l’histoire de notre actuelle République.

Je milite pour les libertés individuelles, et parmi elles, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté de manifester, ces libertés sont en grand danger depuis plusieurs années, la pandémie n’a fait que renforcer les menaces qui pèsent sur elles.

Nos gouvernants ont décidé de répondre au terrorisme visant à réduire nos libertés par la réduction de ces mêmes libertés. Notre pays est entré depuis longtemps dans une phase autoritaire à laquelle il sera difficile de mettre fin, j’ai même l’impression que notre pays n’est jamais sorti de cet autoritarisme dans lequel il se complait depuis une éternité. Et ça n’ira pas en s’arrangeant si on considère les programmes des différentes forces politiques aujourd’hui en capacité de prendre le pouvoir.

Qui cherchera à sortir définitivement d’un système dans lequel un petit groupe de personnes prend les décisions pour tout le monde sans considérer les avis de chacun ?

Au regard des programmes des différents partis politiques en lice en 2017, les mêmes qui se présenteront aux élections en 2022, le renouveau démocratique promis semble hors de portée.

La République En Marche, qui avait promis de changer la donne, de renverser le jeu, n’a fait que changer les pions sans toucher aux règles.

Les Républicains regrettent sans doute amèrement l’époque faste où l’on était gouvernés par un Général autoritaire et paternaliste et ne rêvent que du jour où ils pourront enfin reprendre le pouvoir pour continuer à ne surtout rien changer, voire à renforcer des lois liberticides qu’ils ont eux-mêmes promulgué par le passé.

La France Insoumise, qui promet une constituante dans le cas où son seul, unique et éternel candidat, l’homme autoproclamé providentiel, Jean-Luc Mélenchon, serait élu, propose une 6ème République qui sera articulée, on l’imagine, de la même manière que la France Insoumise, un mouvement totalitaire dans lequel les organes de prise de décision sont aussi obscurs que ceux qui formaient le régime stalinien dans ses plus sombres moments.

Et je ne parlerai pas du Rassemblement National…

Tout mouvement ou groupe politique qui se construit contre un autre mouvement ou groupe politique, contre une catégorie de personne ou contre une idéologie est foncièrement mauvais, basé sur une idéologie de haine et ne peut que produire de mauvaises choses. L’opposition systématique à une idée ou à un groupement de personnes sur une base idéologique ne peut mener qu’au conflit.

Toute possibilité de débat, ou même de démocratie, disparait dès lors qu’on fait le choix de ne pas accepter la pensée des personnes auxquelles on s’oppose machinalement et avec violence.

Et c’est ce genre de groupes politiques qui sont aujourd’hui au pouvoir, proche de lui ou sur le point de l’obtenir pleinement.

En France, en 2020, l’État et le Gouvernement disposent de dizaines de fichiers qui rassemblent un grand nombre d’informations personnelles sur la population, de quoi faire pâlir d’envie les régimes totalitaires des années 40.

D’un côté la haine est dans tous les camps, de l’autre ceux qui dirigent le pays disposent des moyens de faire taire, d’enfermer toute opposition indésirable.

Et finalement, existe-t-il une opposition désirable ? Notre pays n’a-t-il pas justement mis en place des règles autoritaires pour limiter, voire étouffer toute opposition ?

« Sécurité Partout, Liberté Nulle Part »

En décembre, j’ai participé à la rédaction d’un dossier, « Sécurité Partout, Liberté Nulle Part », pour le Parti Pirate.

Au départ, il s’agissait d’un coup de gueule publié fin 2020 sur le forum du Parti Pirate par un militant qui a rassemblé plusieurs coupures presse pour rendre compte du recul des libertés et de l’État de droit dans notre pays. Avec plusieurs Pirates, nous avons ressenti le besoin d’approfondir la question et de creuser toutes les pistes qui nous viendraient à l’esprit afin de produire un argumentaire, un dossier, un récapitulatif, un état des lieux le plus complet possible de ce recul constant de nos libertés. Le Parti Pirate milite pour les libertés, la démocratie et le partage. Nous sommes témoins aujourd’hui, et depuis de nombreuses années, des multiples atteintes à nos libertés qui mettent en danger la démocratie, ou en tous cas l’idéal que nous nous en faisons. En réaction impulsive à l’actualité, des lois que notre pays avait préféré abroger refont surface, d’autres lois que nous aurions dû abroger sont mise à jour pour être renforcées.

Avant de finir de lire cet article, je vous invite à lire les quatre parties de ce dossier « Sécurité Partout, Liberté Nulle Part » :

« On pourrait presque en faire un théorème : toute loi prise dans l’urgence en vue de traiter une situation spécifique finit toujours par s’appliquer bien au-delà des personnes qu’elle vise, et par menacer l’ensemble des citoyens. »

Raphaël Kempf, « Ennemis d’État – Les lois scélérates, des anarchistes aux terroristes »

L’Histoire nous a montré jusqu’ici que la loi tend à encadrer des usages plutôt que de créer de nouvelles opportunités. Aussi, nous pouvons aisément parier sur le fait que ces pratiques décrites dans la loi « Sécurité Globale » ou dans la loi « Séparatisme » ont déjà cours un peu partout dans notre pays. Ces lois viseraient donc simplement à endiguer un vide juridique pour encadrer officiellement des pratiques de nos forces de l’ordre jusqu’ici clandestines.

Ce que le législateur, souvent de bonne foi, n’envisage pas forcément lorsqu’il écrit la loi, c’est que bien que la pratique existe, elle n’en reste pas moins critiquable, et le drame de ces lois c’est que, bien que nous les critiquions vivement en espérant qu’elles ne seront jamais adoptées, nous restons impuissants face à cette machine liberticide en marche.

Ces lois qui entament nos libertés et notre sûreté au profit d’encore un peu plus de sécurité, ces lois que notre pays adopte aujourd’hui, celles que notre pays a déjà adoptées par le passé et très probablement une bonne partie des prochaines qu’il adoptera tant qu’il sera mené par ce besoin de réagir à l’actualité pour faire bonne figure aux yeux de son peuple, ne sont finalement que le résultat logique de décennies, de siècles même, d’une politique paternaliste répressive passionnée qui ne laisse plus aucune place à quoi que ce soit d’autre que la répression autoritaire, presque totalitaire, des foules en toutes circonstances.

Ces trois dernières années nous ont permis d’observer plusieurs choses :

D’abord, notre Gouvernement et sa majorité législative, n’ayant pas l’ombre d’un programme politique à suivre pendant les cinq années de mandat qu’ils ont quasiment volées au pays sur la base d’un « projeeeeeeet » plutôt très mensonger, enchainent les unes après les autres des décisions prises dans la passion du moment, comme des réponses impulsives à des faits d’actualité, perdant ainsi toute crédibilité vis à vis d’une population de plus en plus attentive, instruite et, forcément, exigeante.

Ensuite, malgré la perte progressive de respect pour la fonction présidentielle pourtant sacralisée par une Constitution complètement dépassée par les mœurs de la société qu’elle visait à encadrer, malgré l’évolution de cette société qui accepte de moins en moins que la Nation lui tienne la main comme le ferait un parent avec son enfant, malgré les nombreuses voix qui s’élèvent de toutes parts pour dénoncer la disparition de nos libertés au profit d’un État policier renforcé toujours plus sécuritaire et de moins en moins efficace, nos gouvernants continuent de considérer leurs concitoyens tels des enfants que la Nation seule est en capacité de guider dans les sombres heures qu’elle traverse.

L’accumulation de lois liberticides, le renforcement et la centralisation des pouvoirs étatiques de police et de maintien de l’ordre, affaiblissant au passage le Gouvernement, la déconnexion permanente des élus avec leur électorat, des années d’infantilisation de la population renforcées par un État d’urgence permanent mais manifestement inefficace, tout cela ne peut nous mener que droit dans un mur, « traverser la rue » n’y changera rien.

Alors pour cette année, et pour les suivantes, je fais le vœu que nous parvenions à nous rassembler pour nos libertés, pour la démocratie, pour notre avenir et celui des personnes qui devront vivre dans le monde que nous partageons, que nous construirons, ensemble.