Ma VAE – Episode 0 : Qui suis-je ? Où vais-je ? Pourquoi m’infliger cette épreuve là ?

Avant de commencer mon dernier contrat de travail salarié, j’avais le projet de reprendre mes études pour pousser jusqu’au doctorat. J’envisageais sérieusement de m’inscrire à la fac pour aller au bout de ce projet mais, avec la pandémie, tous mes projets de reprise d’étude avaient été mis à l’arrêt. Quand j’ai quitté mon emploi en décembre dernier, j’ai recommencé à envisager ce projet de doctorat.

J’ai 37 ans à l’instant où j’écris ces lignes. J’ai un parcours scolaire un peu chaotique, pour faire simple, j’avais envie de tout faire donc je suis partie dans tous les sens. J’ai une carrière professionnelle plutôt étrange avec un gros passage dans la politique difficilement compréhensible pour les gens qui ne connaissent pas le milieu. Et j’ai développé au fil des années des tas de passions qui pourraient à elles seules remplir une page entière de mon CV.

Mais aujourd’hui, alors que je viens de me lancer dans une carrière en indépendante, je sens bien qu’il faut que j’arrive à structurer mon parcours, ou à le valoriser d’une manière ou d’une autre, pour légitimer mes acquis professionnels aux yeux de mes futurs clients ou de mes potentiels employeurs.

Alors, début 2025, j’ai entamé un processus de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) et, vu le manque d’informations disponibles sur ce sujet, je vous propose de vous raconter mon expérience, pas à pas, en commençant par vous expliquer d’où je pars…

J’ai fait des études…

J’ai obtenu un bac littéraire avec une mention Assez Bien dans le le petit lycée de La Souterraine en Creuse. Je l’ai obtenu sans trop forcer. À cette époque j’avais surtout envie d’en finir avec le lycée, surtout que ce lycée là était rempli de personnes méprisantes. Originaire de Normandie, je ne me suis jamais vraiment sentie intégrée dans cette petite ville du Limousin dans laquelle tout le monde était plus ou moins cousin. Les seules personnes avec lesquelles je m’entendais bien étaient soit elles aussi originaire d’ailleurs, soit marginalisées par les autres. Dans notre isolement nous avions trouvé et entretenu une forme d’amitié le temps qu’aura duré notre passage dans cet enfer.

Le bac en poche j’ai fui la région pour entrer à l’université Paul Valéry de Montpellier dans la filière Arts du Spectacle Théâtre Cinéma Audiovisuel. J’y ai notamment appris le montage vidéo et l’analyse des discours politiques et j’ai aussi eu la chance de jouer dans une pièce de théâtre. C’était sympa, j’y ai vécu deux années géniale avec des gens que j’aimais beaucoup, mais j’ai vite senti que ces années d’études de cinéma ne me servirait pas à grand chose de concret dans la vie.

J’avais envie de monter une petite radio associative en projet annexe à mes étudies mais j’ai vite été stoppée dans mon élan quand j’ai dû faire face à mon absence totale de connaissance du droit et de la comptabilité, deux compétences indispensables lorsque l’on souhaite créer une association, obtenir des financement, réaliser un budget prévisionnel, etc. et qui ne sont pas du tout enseignées dans cette filière très théorique.

J’ai donc décidé de me réorienter vers une filière plus utile. J’ai donc choisi d’aller vers un diplôme universitaire de technologie en gestion des entreprises et des administrations en me disant que quelle que serait mon choix de carrière j’aurais au moins une base de connaissances fiable. Contre toute attente, mon dossier déjà assez chaotique a été accepté dans pas moins de trois IUT des 6 auxquels j’avais candidaté, donc celui de Limoges, ville dans laquelle mes parents avaient entre temps déménagé.

En 2010, après 5 années d’études dont trois parfaitement inutiles, j’ai finalement validé un niveau Bac+2. Je ne regrette absolument pas mon passage à l’IUT, et si c’était à refaire je recommencerais. C’était long, je ne m’y suis pas fait beaucoup d’amis, les autres étudiants étant majoritairement libéraux de droite, descendants de chefs d’entreprises eux-mêmes destinés à remplacer leurs parents, mais ce que j’y ai appris (le management, la gestion des ressources humaines, la comptabilité, l’économie, le droit, l’informatique appliqué à la gestion, le fonctionnement des entreprises, la sociologie des groupes d’intérêt, la communication…) m’a servi toute ma vie et me sert encore beaucoup aujourd’hui.

Mon DUT obtenu, fatiguée par le système universitaire, pressée de goûter à la vie active et de toucher mon premier vrai salaire, je me suis lancée activement dans la recherche d’un emploi.

Malgré cela, quelques années plus tard, alors salariée en poste depuis un peu plus de 3 ans, j’ai repris mes études en formation professionnelle (en alternance) pour obtenir une licence professionnelle de Management des Organisations Métier de la Gestion des Associations avec une mention Bien en 2015.

Je suis donc aujourd’hui diplômée d’un Bac+3 en management même si, professionnellement, je n’ai pas souvent eu l’occasion de travailler précisément dans mon domaine d’étude.

Ma carrière professionnelle

En 2010, juste après mon DUT, je me suis lancée dans une carrière politique complètement par hasard. Alors que je cherchais sans grand succès un travail dans le Limousin, une région qui embauche peu et qui ne laisse pas beaucoup de chance aux débutants sans aucun lien de parenté avec les autres salariés, j’ai été recrutée en CUI-CAE puis en CDI au siège national des Verts, à Paris, en tant que permanente politique.

Pendant presque 7 ans, j’ai animé le réseau national du parti pendant les élections, coordonné quasiment toutes les campagnes électorales et j’ai participé à l’organisation de dizaines de rencontres, congrès, conseils fédéraux, journées d’été, votes internes, assurant notamment la coordination des bénévoles, la gestion des crises et la résolution de tous les problèmes rencontrés par les membres du bureau exécutif ou des autres instances du parti.

Après ma reprise d’études et mon diplôme obtenu en 2015, quand je suis revenue travailler à temps plein, j’ai énormément souffert. J’avais ouvert les yeux sur tous les dysfonctionnements et les méthodes déplorables de travail de certains de mes collègues. J’ai vu la souffrance, j’ai subi la souffrance. Alors que le parti traversait une grosse crise politique en amont de la présidentielle de 2017, alors que la plupart des cadres politiques étaient en train de partir dans le sillage d’un certain Emmanuel Macron, alors que la plupart de mes collègues salariés enchainaient les arrêts maladie, alors que certains avaient même quitté le navire, alors que j’étais pourtant restée loyale et que je ne crachais pas sur le travail de plus en plus conséquent à abattre pour palier la fuite de main d’oeuvre, j’ai été progressivement mise au placard, harcelée moralement par mes collègues, par des membres du parti et finalement par la direction elle-même.

J’ai quitté mon poste en 2017 par le biais d’une rupture conventionnelle de mon CDI après un gros burn-out qui n’a jamais été vraiment traité ni soigné. J’ai perdu au passage toute confiance en mes employeurs et en moi-même, imaginant toujours le pire, je me suis enfermée dans une forme de paranoïa alimentée notammment par l’homme qui partageait ma vie. J’ai morflé. Sévère.

Avant de travailler pour ce parti politique, j’étais une personne très ouverte, solaire, je riais tout le temps, je portais toujours des couleurs vives, je suis devenue au fil des années au service de ce parti politique de plus en plus aigrie, acerbe, triste, j’ai arrêté de contacter mes proches, j’ai perdu tous mes amis, je me suis fâchée avec plusieurs membres de ma famille, j’étais au fond du trou que je creusais encore et encore, je pleurais tous les jours dans mon bureau, tous les soirs dans mon lit, tous les matins en me regardant dans le mirroir, je travaillais dans le vide, sans la moindre reconnaissance et avec une sensation persistante de profonde inutilité.

J’ai tenté tant bien que mal de m’extraire de cette carrière professionnelle en acceptant des postes complètement différents tels que Conseillère Pôle Emploi à Aubervilliers ou Responsable Administrative et Financière dans une SCIC à Pantin, mais j’ai été recrutée un an après mon départ d’EELV par un ancien collègue des jeunes écologistes pour occuper le poste de cheffe de cabinet à la Mairie de Schiltigheim qui venait tout juste de passer entre les mains d’une liste écologiste, socialiste et communiste.

Après un an en poste, alors que j’avais enfin réussi à obtenir la confiance de la plupart des salariés des équipes dont j’avais la charge, je me débattais avec certains élus qui m’humiliaient à chaque fois que l’occasion se présentait. L’un d’entre eux s’est plaint à Mme La Maire lorsque je lui ai dit de cesser de se comporter comme il le faisait avec moi. Il n’a finalement pas été reconduit en 2020 (CHEH !), mais on m’a aimablement invitée à accepter une rupture anticipée de mon CDD un an plus tôt, en 2019. J’ai appris des années plus tard qu’il avait été dit que l’initiative de mon départ venait de moi, il n’en est rien. Si je suis partie, je pense que c’était pour éviter que je finisse par poser un sérieux problème à force de pointer du doigt l’hypocrisie et la démagogie que j’observais et que j’avais même commencé à dénoncer après des mois à avoir essayé de fermer ma gueule.

Puis, sur les conseils d’un autre ami, j’ai occupé le poste de directrice de campagne de la liste écologiste aux élections municipales de Caen en 2020. Là encore, j’étais en décalage total avec la tête de liste qui s’est comportée avec moi comme tellement d’autres hommes l’ont fait dans ma carrière… Je pense que, tout comme le poste occupé juste avant, tout comme le fut le suivant, j’étais là encore en rechute de mon burn-out. Mais je n’arrive pas à m’enlever de l’idée que ce que j’appelle un burn-out n’est qu’une fatigue morale due à une série d’injustices subies quotidiennement dans le silence. Je pense que le burn-out, chez moi, se manifeste par la fin du mutisme dans lequel je m’enferme pour rentrer dans un moule social et éviter ainsi les regards des autres. Je pense que ma fatigue est liée à ce mutisme auquel je me contrains pour tenter d’être une personne que je ne suis pas, ça me demande tellement d’efforts, tellement d’énergie de me taire et subir en silence, c’est cette fatigue cumulée qui finit par me faire exploser et m’amène à l’obligation de mettre fin temporairement à toute activité professionnelle.

En 2021, après la pandémie, j’ai été récrutée dans un tout autre domaine, l’informatique, en tant que consultante technique et fonctionnel. À la première lecture de mon CV, mon employeur ne croyait pas que j’avais le profil pour le poste, et je pense que si j’avais été à sa place je n’aurais pas non plus parié sur moi, mais je pense aussi que j’ai brillamment réussi à lui prouver le contraire.

Et puis l’année dernière, alors que je pensais que ça allait mieux, j’ai rechuté, burn out again.

Le résultat a été le même que lors de mon premier burn-out. J’étais à bout, j’avais tout donné, j’avais même mis de côté tout le reste, tous mes engagements personnels, je pensais que je devais me concentrer sur mon travail pour tout faire pour le garder, j’ai mis beaucoup d’énergie dans des projets que j’aimais mais j’ai aussi mis énormément d’énergie à me taire et à subir des propos, des remarques, des réflexions, des comportements humiliants quasiment quotidiennement.

Je ne me sentais, là encore, pas vraiment à ma place, je ne me sentais pas en confiance, j’éprouvais un grand malaise et je commençais à sérieusement tourner en rond, à ruminer, à fatiguer de devoir prendre sur moi en permanence, à me retenir de hurler, à retenir mes réponses aux multiples attaques dont j’étais la cible au bureau, de la part de certains collègues. J’avais réagi une fois, j’avais déposé une plainte en interne et ça n’avait fait qu’empirer la situation alors, pour éviter de subir encore plus d’attaques, encore plus de remarques, encore plus de malaise alors que j’étais déjà dans un état de grande souffrance cumulée au fil des années, j’ai préféré me taire et continuer à subir en silence, grave erreur.

Devant l’impasse dans laquelle nous nous trouvions, malgré mon gros travail sur moi-même accompagnée par une psychologue qui m’a finalement amenée à la conclusion que je n’étais pas, à moi seule, tout le problème et qu’il y avait des choses que je ne pourrais jamais accepter de subir en silence même avec toute la meilleure volonté du monde, mon employeur et moi avons finalement convenu d’une rupture conventionnelle pour que je me lance à mon compte.

Je pense encore aujourd’hui que c’était la seule issue possible. J’adore le travail que je continue à faire partiellement aujourd’hui en freelance, je m’amuse beaucoup avec les projets qu’on met entre mes mains mais je pense aussi que j’ai besoin de plus, de faire autre chose, de voir autre chose, et d’évoluer dans une direction que je n’aurais jamais pu suivre dans cette entreprise là, loin de certaines personnes peu scrupuleuses qui ont faire resurgir chez moi des traumas que je ne souhaite plus vivre, et surtout je manque cruellement d’une fibre commerciale, ce n’est pas dans mon ADN et je peux forcer, je peux me former, je peux faire tout ça, je sais que ça n’est pas « mon truc » et que ça ne le sera jamais.

Je dois me résoudre à l’accepter aujourd’hui, je l’ai compris, je suis peut-être une introvertie qui sait mettre à l’aise la plupart des gens, je suis peut-être une extravertie qui n’aime pas trop sortir de chez elle, je suis peut-être la caricature même de l’ambiversion, mais je suis surtout et avant tout un leader naturel avec un talent pour la gestion de projet, la gestion d’équipes, la rédaction de plaidoyers, la prise de parole en public, et quand je peux exercer tout ça, quand je suis libre d’aller au bout de mes idées, quand j’arrive à m’extraire de la volonté des hommes ou même de certaines femmes, parfois, à vouloir exercer sur moi tout le paternalisme dont ils sont capables, quand je ne suis pas confrontée à la jalousie de ces gens qui n’ont pas mon talent, quelqu’il soit, si tant est que j’en ai, et qui vont tout faire pour me pourrir la vie (et ça j’y suis malheureusement confrontée depuis le tout début de ma carrière), alors, enfin, je m’éclate.

Heureusement, j’ai pu développer une partie de mes talents dans le cadre d’engagements bénévoles variés.

Ma carrière bénévole

En marge de cette carrière professionnelle bordélique, j’ai mené une carrière bénévole dans la politique.

J’ai rejoint les Jeunes Verts du Limousin en 2010 puis, quand j’ai commencé mon travail au siège des Verts à Paris, j’ai rejoint les Jeunes Verts d’Ile-de-France devenus entre temps les Jeunes Ecologistes. J’ai été élue trésorière des Jeunes Ecologistes d’Ile-de-France entre 2010 et 2011 puis je suis restée simple membre jusqu’à mes 28 ans. Je pourrais vous raconter comment le président des Jeunes Ecologistes d’Ile-de-France avait détourné l’argent de l’organisation alors que j’étais trésorière, et comment il avait rejeté la faute sur moi alors que toutes les preuves en ma possession le pointait du doigt, je peux vous raconter comment cet homme là chassait les nouvelles recrues pour assouvir son besoin de sexe, je peux vous raconter comment les jeunes écologistes étaient considérés par les moins jeunes du parti, telles des proies dociles à qui on peut faire croire qu’elles auront des responsabilités si et seulement si elles acceptent de passer à la casserole, je n’en ferais rien. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’y ai été confrontée mais n’y ai jamais cédé.

En parallèle, j’ai adhéré à EELV entre 2011 et 2013, je me suis portée candidate pour EELV aux législatives de 2012 et j’étais sur la liste des écologistes de Pantin pour les municipales de 2014. Suite à cette campagne là en particulier, j’ai fait le choix de ne plus payer de cotisation à ce parti et de me contenter d’en être simple adhérente. Je crois que ça et tout ce que j’ai réconté un peu plus tôt, tout ça cumulé fait que je n’y croyais plus trop, j’étais dans la désillusion, j’avais perdu la verve qui m’avait fait rejoindre le mouvement au départ, j’avais perdu la croyance que les autres membres partageaient, j’avais déchanté.

Espérant trouver un autre combat à mener et retrouver des activités saines à exercer pendant mon temps libre, j’ai d’abord rejoint l’association Chanvre et Liberté (NormL France) en 2015 puis j’ai monté une antenne locale des Incroyables Comestibles à Pantin en 2016.

Mais j’étais toujours coincée avec EELV, j’avais toujours cette impression de ne pas être libre de mes mouvements et de porter, tel un fardeau, cet emploi que j’avais pourtant eu, quelques années plus tôt, beaucoup de fierté à exercer. Mon travail me pesait et pesait sur mes autres engagements. Je n’étais pas juste Florie, la militante associative, j’étais Florie la salariée d’un parti politique, la « vendue », l’espionne parfois…

En 2017, après avoir quitté mon travail pour les Verts, je rejoignais bénévolement le Parti Pirate pour qui j’ai mené campagne aux législatives en 2017 à Pantin et Aubervilliers puis pour qui j’ai porté une liste aux élections européennes en 2019. J’ai ensuite été candidate une dernière fois pour ce parti aux élections législatives de 2022 dans l’Essonne. Alors même que je n’étais plus salariée des Verts, j’étais encore considérée par certains autres membres comme un poisson pilote de ce parti, comme une espionne qui avait l’objectif secret de rallier les Pirates aux Verts. J’ai dû prouver par les mots et les actes que ce n’était pas le cas, tenant parfois des propos insultant vis-à-vis de celles et ceux qui avaient été, autrefois, mes camarades de lutte. J’étais libérée d’un parti mais je m’étais enfermée dans un autre avec tous les travers que ça impliquait.

Au Parti Pirate, forte de mon expérience au siège national d’EELV, j’ai gravi les échelons en interne assez rapidement. D’abord coordinatrice de la section Ile-de-France entre 2017 et 2018, j’ai très activement participé à la reforme statutaire qui a permis le déploiement d’un nouveau fonctionnement interne en 2018. Membre du Conseil Transitoire en 2018, j’ai ensuite été nommée au Conseil des Relations Publiques et Porte-Parole du Parti en septembre 2018 et je suis restée à cette place jusqu’en octobre 2023. J’étais sur tous les fronts, de l’accueil des adhérents à la communication publique du parti, de la gestion du site Internet à la gestion des relations avec les autres organisations ou avec la presse, j’intervenais partout où je le pouvais, j’étais proactive, je participais aux débats qui m’intéressaient et j’écrivais des articles ou des points de programme pour enrichir un programme un peu trop léger à mon goût. Après les européennes de 2019, j’espérais recruter suffisamment de monde pour pouvoir passer le relai, mais j’ai enchaîné déceptions et déconvenues, essuyant plusieurs dramas, j’ai finalement choisi d’accepter l’opportunité qu’on m’a offert de poursuivre un engagement à l’international.

En 2020 j’ai été nommée au bureau du Parti Pirate Européen dont je suis devenue vice-présidente en 2021 jusqu’en 2023, année lors de laquelle j’ai été nommé Présidente du Parti Pirate International. Cet aspect là de mon engagement, j’en ai parlé ici, j’en reparlerai surement.

Déjà sensibilisée au traitement réservé aux femmes dans le monde politique en France suite à mes différentes expériences professionnelles et électorales, j’ai subi le sexisme des membres des partis pirates de pays dans lesquels la place de la femme est encore plus questionnée que dans notre pays. J’ai observé puis été moi-même la victime d’une misogynie latente mais omniprésente dans l’organisation à tous les niveaux.

N’étant pas salariée donc pas soumise aux mêmes contraintes sociales et de discrétion, je me permettais de témoigner publiquement de ces injustices, allant même jusqu’à parler de mon vécu professionnel dans le cadre partisan, me libérant de poids que je ne supportais plus de porter.

J’ai ouvert la voie à d’autres témoignages, j’ai reçu des messages de soutien d’anciens collègues qui n’avaient pas compris, pas vu, pas entendu, de membres qui ne savaient pas ou des messages de victimes des mêmes personnes que celles qui furent mes bourreaux et qui s’activaient, en vain, à les déboulonner. Les bourreaux restent et les victimes partent, c’est une loi malheureusement immuable dans notre merveilleuse société.

Et puis j’ai commencé à recevoir des messages de la part de membres de ma propre organisation politique m’intimant de fermer ma gueule parce qu’on n’est pas là pour raconter sa vie, parce que l’image que ça renvoit, le féminisme que je dégage, ce n’est pas l’image que ceux-là souhaitent renvoyer avec ce parti là, parce que j’étais bien gentille quand je n’en parlais pas ou qu’en privé, parce que je suis beaucoup trop visible, parce que j’attire beaucoup trop la lumière sur moi aussi, mine de rien, parce que je prenais de la place, trop de place malheureusement et bien malgré moi, et parce que ça fait tâche quand même pour une organisation qui prétend qu’elle est en avance sur les autres sur les questions des droits des femmes de devoir faire sa propre introspection…

Fin 2023, fatiguée de lutter seule contre le sexisme omniprésent au niveau international et, un peu moins seule, contre un mouvement ultra libéral sérieusement misogyne au niveau français, j’ai finalement tout plaqué pour me concentrer sur ma carrière professionnelle et, surtout, sur ma vie privée.

Mon parcours de VAE

En 2020, année de la pandémie, alors que la campagne municipale que je dirigeais s’était achevée au premier tour suite à la victoire du maire sortant, j’ai tenté une seconde fois de sortir de l’emprise que les partis politiques avaient sur ma carrière professionnelle.

J’ai toujours voulu écrire mais je n’ai jamais osé me lancer, il fallait que je gagne de l’argent pour vivre et rester indépendante financièrement mais mes choix de carrière catastrophiques m’ont amenée dans une impasse.

J’ai ouvert un blog sur Médiapart histoire de me lancer un peu, j’ai écrit plusieurs articles avec plus ou moins d’échos sur le thème de la démocratie et des divers problèmes liés à notre système républicain.

J’ai aussi ouvert une chaine Twitch sur laquelle j’ai commencé à animer des lives de plus en plus régulièrement, d’abord des lectures des statuts de partis politiques puis des lectures d’articles de presse d’actualité plus ou moins brulante. Toutes mes vidéos sont référencées sur ma chaine Youtube.

J’ai aussi commencé à me renseigner pour entreprendre une validation des acquis de l’expérience (VAE) dans mon domaine d’expertise. Mais en 2020/2021 les Universités étaient toutes à l’arrêt, les conseillers d’orientation que j’avais réussi à avoir au téléphone m’avaient vivement conseillé d’attendre que les choses se tassent pour entreprendre cette VAE alors j’ai attendu.

J’ai attendu un peu trop longtemps, quand j’ai commencé à reprendre les démarches en avril 2021 c’était un mois trop tard pour assister aux réunions d’information qui constituent la première étape indispensable pour s’inscrire dans le processus de VAE.

En juin 2021, je commençais ce nouveau travail dans une toute autre branche professionnelle, j’ai donc mis en pause mon projet de VAE.

Mais en décembre 2024, quand j’ai obtenu ma rupture conventionnelle, c’était pile au bon moment pour m’inscrire aux réunions d’information.

J’avais d’abord entrepris de faire une VAE en droit pour pousser vers des études supérieures de droit public, mais au fil de mes discussions notamment avec M. qui fut d’abord ma conseillère Pôle Emploi avant de devenir mon amie, je me suis réorientée vers une VAE bien plus évidente compte tenu de mon parcours professionnel : un master 2 de science politique.

Et il se trouve que l’un de ces masters correspond très précisément à ma carrière, celui de Métiers du Politique enseigné dans plusieurs universités, notamment à la très prestigieuse université Paris 1 Panthéon Sorbonne, à l’Université de Lille ou encore, bien plus proche géographiquement de chez moi, l’Université Paris Saclay où M. était justement étudiante et dont elle ne m’a dit que du bien.

C’est assez paradoxal finalement, moi qui suis arrivée par hasard dans la politique, qui ait mené une carrière professionnelle puis bénévole de 15 années et qui ait tout fait pour m’en extraire, que j’en arrive à envisager de valider un master 2 de science politique, pourquoi faire finalement ?

Eh bien en janvier 2025 j’ai tenté de chercher du travail, des projets pour alimenter mon activité en freelance, un CDD ou même un CDI, mais comme en 2017 puis en 2020, lorsque j’avais tenté de fuir la politique à deux reprises, avec le parcours chaotique que je viens de vous décrire et sans master, mon CV a encore et toujours bien du mal à passer le premier filtre des recruteurs.

En 2020, je m’étais dit que ce serait peut-être plus facile avec un master mais je n’avais aucune envie de retourner à l’université pour m’entendre expliquer des choses que je savais déjà car vécue sur le terrain toutes ces années, de me retrouver avec des petits jeunes de 25 ans persuadés de déjà tout savoir, comme je l’ai moi-même été à leur âge, et face à des enseignants incapables d’accepter de remettre en question leurs enseignements, comme je l’ai trop souvent vécu quand j’étais étudiante.

Et puis au regard de toute ce que je viens de raconter, il se trouve que je coche à présent toutes les cases pour faire une VAE, c’est d’ailleurs ce qu’à confirmé B. lorsque je l’ai eu au téléphone. B. est un ancien collègue militant des Verts qui se trouve être aussi un ancien directeur de l’UFR que je souhaitais rejoindre.

Je me souviens qu’on avait déjà discuté de ça ensemble, quand je travaillais pour EELV, il m’avait alors dit que le moment venu, quand je voudrai reprendre mes études, il se ferait une joie de soutenir ma candidature pour entrer en master.

C’est J., un autre ancien collègue membre d’EELV qui m’avait spontanément conseillé de contacter B. pour lui demander son avis sur ma capacité à valider ce master là alors que je me plaignais de ne trouver aucune information nulle part sur la possibilité de valider un master de science politique.

B. m’a dit de foncer, il m’a aussi dit de contacter son collègue F., l’actuel responsable du cursus de mes rêves, pour lui demander son avis sur ma capacité à valider un master de recherche, parce qu’en fait, mon grand objectif, à la fin, c’est de devenir doctrice en démocratie, et peut-être qu’un jour j’y arriverais.

En attendant, me voilà en janvier 2025 au tout début de cette nouvelle aventure qui va me pousser à prendre beaucoup de recul sur mes réussites, mes échecs, mes expériences et sur toute cette carrière que j’ai menée tant bien que mal.

La suite au prochain épisode !

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, vous avez peut-être envie de m’aider dans le lancement de mon activité et dans mes projets au service de la démocratie, si oui ça se passe ici : https://fr.tipeee.com/florie

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À Propos de l’autrice

Militante politique antifasciste, libertaire, démocrate et féministe. Salariée puis cadre de partis politiques, je décide de mettre fin à mon engagement partisan en 2023 pour me libérer de l’impact négatif et de l’entrave des partis politiques. Spécialisée dans l’analyse et l’application des méthodes de décision et sur les fonctionnements des organisations, je suis aujourd’hui consultante en stratégie et en gestion, à mon compte. J’anime régulièrement des lives politiques sur ma chaine Twitch, sinon je construis des applications pour faciliter la vie des gens et, parfois, j’écris des articles.