Journal de bord · 21 août 2022

DVD, Blu-Ray, streaming et torrent de boue sur Twitter…

Il y a deux ans, je demandais qui achetait encore des DVD, et j’affirmais que le principal concurrent des DVD et Blu-ray était la VoD. Je me suis pris un torrent (vous l’avez ?) de réponses plus ou moins pertinentes avec des affirmations tout aussi fausses les unes que les autres. Je me suis dit qu’un jour je publierai une réponse argumentée. Ce jour est arrivé. Accrochez-vous ça va piquer un peu.

Avant de commencer, je tiens à présenter mes sincères excuses pour le temps de réponse. Je pense qu’une partie des gens qui m’ont répondu à l’époque ont tout simplement oublié leur réponse et sont passés à autre chose, mais Internet n’oublie rien, et il fallait que je publie cet article, ça fait trop longtemps que ça traîne dans ma pile de brouillons…

Pourquoi aujourd’hui ? Je pense que j’en parlerai dans un prochain article, mais tout ce que je peux dire c’est que j’ai globalement de la suite dans les idées, donc tout cela n’est pas complètement par hasard.

Vous allez donc lire une sélection de tweets qui m’étaient directement adressés, retranscrits tels quels. J’ai conservé toutes les attaques personnelles, les jugements de valeur et les petites remarques paternalistes. Notez que ces façons de me parler sont habituelles, vous retrouverez les mêmes tournures et types de propos dans les commentaires de certains de mes articles sur ce blog, Twitter est très loin d’être le seul endroit où je subis du paternalisme, ou plus largement de la misogynie, c’est à vrai dire mon quotidien depuis que je suis toute petite, et cela s’est agravé le jour où j’ai commencé à militer pour mes idées, j’en repalerai surement plus tard mais ce n’est pas le sujet du jour.

Le contexte

Le 4 juin 2020, Philippe Rouyer avait tweeté ça :

De @ArtusFilms à @wildsidecats, en passant par @CarlottaFilms @PotemkineFilms et @ESC_Distrib, tous les éditeurs vidéo indépendants se sont regroupés pour lancer le #VideoForeverAppeldes50. Un appel pour alerter sur la tourmente traversée par l’édition DVD, Blu-ray et UltraHD.

Philippe Rouyer

Le 7 juin 2020, en réponse à l’appel publié par Philippe Rouyer, Jean Labadie avait tweeté ça :

La première cause du déclin de la vidéo physique est le piratage 
Pour sauver DVD et Blu Ray, indispensables pour la diffusion du cinéma , il faut que le gouvernement tienne sa parole en engageant une vraie lutte contre le fléau 
L’amende est la seule solution,et tous le savent

Jean Labadie

Le même jour, le 7 juin 2020, je répondais à Jean Labadie avec ce mini thread :

1. Qui achète encore des DVD ?
2. Le principal concurrent du DVD/Blu Ray est la VoD.
3. Le téléchargement illégal de contenu ne représente pas une part de marché suffisante pour faire du tort aux producteurs.
4. On perd davantage d’argent à fliquer les pirates qu’on en gagne…
5. Les supports DVD/Blu Ray sont difficilement recyclables.
6. Les technologies de stockage changent tous les 10/20 ans. Le successeur du Blu Ray existe probablement déjà.
7. Teniez vous le même discours lors de la disparition de la VHS ?
8. Plutôt que de chercher à enrichir les producteurs, vous devriez enrichir culturellement votre prochain. Rendre la culture accessible, open source, gratuite, devrait être votre priorité. 
Sauf si vous êtes un pur produit du capitalisme…

Florie (Tweets effacés)

Suite à cela, mon tweet ayant été partagé par un influenceur collectionneur de DVD/Blu-Ray, j’ai reçu pendant 3 jours des dizaines de réponses violentes, inutiles, virulentes et surtout fallacieuses, d’une sphère insoupçonnée de collectionneurs de blu-ray et DVD présente sur Twitter.

Je vous propose donc que nous prenions le temps, ensemble, de revoir une partie des arguments que j’ai eu le plaisir de lire depuis ce thread.

Des sources pour alimenter mon propos

Sur l’évolution du marché physique, c’est toujours en baisse et raccord avec les chiffres déjà dévoilés. Le DVD fait autant que la VHS 3 ans avant sa disparition des graphiques du CNC (le Blu-Ray, autant que la VHS 2 ans avant sa disparition). Evo des marchés physique/VOD/SVOD :

@FilmsdeLover

Je pose ça la, vu que les chiffres sont demandés. J’ai fais de l’authoring dvd/br pendant deux ans, oui cette industrie se pète la gueule. Non je pense pas que ça soit à cause des copies numériques. https://www.cnc.fr/professionnels/etudes-et-rapports/barometre-cncgfk-de-la-video-physique–1er-semestre-2019_1021847

Besancia

Voici tout d’abord deux réponses qui abondent dans mon sens, avec des sources implacables. Le Blu-ray et le DVD disparaissent, c’est l’évolution normale liée à la numérisation. Il y a surement des gens qui, à l’arrivée du DVD, collectionnaient les VHS et estimaient que jamais le DVD ne remplacerait la VHS, ces gens se sont plantés. Est-ce que c’est ce qu’il se passe aujourd’hui avec la VoD ? J’en suis convaincue. Est-ce que le support physique a une valeur culturelle ? Je ne pense pas. La valeur réside dans l’oeuvre en tant que telle, pas dans le support. Je vais surement enfoncer une porte ouverte, en j’en enfoncerai plusieurs dans les lignes qui viennent, mais ça ira mieux en l’écrivant. Si vous allez voir un film au cinéma, vous bénéficiez d’un apport culturel. Vous avez vu le film, vous en connaissez donc le contenu. C’est pareil pour une pièce de théâtre que vous découvrez dans une salle de spectacle. Si vous regardez un film en VoD ou une copie piratée de ce film, vous bénéficiez tout autant de l’apport culturel dont vous auriez bénéficié en allant le voir au cinéma. Il n’est pas utile de posséder sa propre copie du film pour en connaitre le contenu ou pour enrichir sa culture. Il en est de même pour un livre, combien d’entre nous ont déjà mis les pieds dans une bibliothèque et emprunté des livres pour enrichir leur culture personnelle ? Bien sûr, posséder des livres, des DVD ou encore des CD, qui ne sont que des copies commercialisées des œuvres originales, procure chez certaines personnes une forme de satisfaction, mais on touche là aux fondements de notre société moderne qui se base sur la consommation de biens. Pour enrichir les ayants droit, et je parle bien des ayants droit, pas des artistes, vous devez payer des copies des œuvres, et ces ayants droit ont tout fait pour vous donner l’impression que posséder une copie est, en soi, un acte de foi. Et cela va plus loin, à la lecture des réponses de certaines personnes, le fait de voir un film ne suffit pas, il faut en posséder une copie pour pouvoir justifier avoir bénéficié de l’apport culturel de l’œuvre. Une chose est sûre cependant, à la lueur des études précédemment citées, et contrairement à ce que les ayants droit voudraient nous faire croire pour continuer à nous voler de l’argent, la copie privée n’est pas à l’origine de la dégringolade des ventes de supports DVD/BR.

Ce qu’il fallait démontrer

Moi je les achète puisque moi j’ai de la culture contrairement à beaucoup et c’est sûrement pas la VOD qui va me satisfaire à ce niveau. Si c’est pour devenir débile après trois blockbuster à la con parce que c’est principalement ça que la VOD propose c’est pas la peine.

@CedrikPerez

Selon @CedrikPerez, pour être considéré comme une personne cultivée et donc être prise au sérieux par cet homme et beaucoup de ses amis, vous devez impérativement posséder une copie des œuvres les plus importantes du cinéma chez vous. Cela n’a absolument aucun sens. Mais pour certaines personnes, c’est une base non négociable. Et d’après Cédrik, qui affirme sans ciller que regarder trois blockbusters rend « débile », il n’existerait aucune plateforme de VoD qui proposerait d’autres films que des blockbusters, donc le DVD serait un objet indispensable pour la pérennité de la culture. C’est tout simplement faux. Et là on a un bon gros jugement de valeur basé sur l’ignorance. L’illustration parfaite de l’expression « ne pas voir plus loin que le bout de son nez ».

Merci Les Inrocks pour ces 8 exemples d’alternatives à Netflix : https://www.lesinrocks.com/2019/04/05/cinema/actualite-cinema/une-alternative-netflix-les-8-plateformes-de-streaming-du-cinema-dauteur/

La qualité sonore

La qualité audio et vidéo n’est retrouvable nul part y compris sur les plateformes tels que Netflix.

@DeAdZ67832798

Pour @DeAdZ67832798, la qualité audio et vidéo d’un DVD ou d’un Blu-ray est incomparable avec les plateformes de VoD.

C’est faux : Les films en VoD sont disponibles en HD, 4K, UHD et HDR sur de nombreuses plateformes. C’est à dire dans un format au moins équivalent à celui des Blu-ray. Tout dépend de la qualité de la connexion Internet dont vous disposerez pour le regarder, mais un film en numérique est issu d’un support physique de toute façon, il s’agit d’une copie d’un support physique, il y a toujours un original qui est lui aussi sur un support physique. Et si on réfléchit bien, le DVD ou le Blu-Ray est en fait une copie d’une copie, puisqu’il faut d’abord numériser le film original pour ensuite pouvoir le réinjecter sur le support copié. À ce sujet, je vous renvoie vers le mini thread de Pierre Beyssac qui traite du CD mais qui peut tout aussi bien s’appliquer au cas présent.

Ceci étant dit, quoi qu’il arrive, peu importe la qualité du moment que vous avez accès à l’œuvre, c’est à mon humble avis cela le plus important. Mieux vaut regarder un bon Eisenstein avec une image et un son d’époque, qu’un bon gros navet avec une qualité sonore et visuelle impeccable, non ?

Un support physique pour lutter contre la censure des plateformes de VoD

Le support physique est quelque chose d’indispensables pour la culture regarde Disney+ qui censure ses contenus avec un support physiques ça ne peut pas arrivé il existera toujours une version non censuré c’est comme supprimé les livre parce que la Kindle existe ça na pas de sens

@locy67

C’est vrai, Disney censure ses contenus, Netflix aussi, et d’autres en effet. Nous avons découvert à plusieurs reprises que des œuvres avaient été modifiées, voire réécrites après leur publication. Toutefois, à aucun moment je n’ai remis en question le support physique, ou le fait d’archiver des œuvres originales, je parle d’un type de support physique, pas de TOUS les supports physiques. Le fait est que le support physique de type DVD ou Blu-Ray concerne aujourd’hui un marché de niche, donc se plaindre que le téléchargement illégal soit à l’origine de la mort lente des producteurs de supports DVD et Blu-ray alors que la VoD se démocratise, ça n’a aucun sens.

Un film stocké sur un serveur, ça reste un film stocké sur un support physique, c’est juste la nature du support qui change, et c’est bien cela que je pointe dans mon propos. Si on veut lutter contre la censure des plateformes de VoD, le meilleur moyen serait de permettre la copie illimitée ou la partage en peer-to-peer (qui est une technologie nettement moins gourmande en espace de stockage, et donc en énergie) des œuvres par les particuliers, ce qui devrait être, par nature, possible grace à Internet, mais qui est aujourd’hui formellement interdit par la loi française. On pourrait aussi envisager une bibliothèque d’archives consultable librement en ligne, quelque chose qui existe aujourd’hui avec les œuvres qui sont tombées dans le domaine public mais qui serait élargie à toutes les œuvres. Et pour continuer à financer les artistes vivants, on pourrait envisager que cette bibliothèque ouverte soit financée par nos impôts à travers une forme de redevance qui leur serait directement reversée de manière équitable. C’est l’idée abordée par le principe de licence globale.

Le piratage tue le cinéma français ?

Vous êtes bien péremptoire… Assumez au moins qu’il y a des dommages collatéraux : le piratage tue une partie du cinéma français… celle la plus fragile en plus

@MrMancount

Non, Mr Mancount, une bonne fois pour toutes, ce n’est pas le piratage qui tue le cinéma français, c’est le cinéma français qui tue le cinéma français.

Pour ne citer que quelques exemples de ce qui tue le cinéma français : Le CNC et son financement injuste, la chronologie des médias, le prix des entrées au cinéma, la cupidité des ayants droit… Le système de financement du cinéma français privilégie aujourd’hui les grosses productions davantage que les petits projets, et pour parvenir à toucher un peu d’aides il faut soit s’appeler Luc Besson, soit jouer des coudes avec tous les autres petits producteurs qui se battent sur le marché français. Au contraire de le tuer, le piratage fait vivre le cinéma français, il permet de découvrir des œuvres que les maisons de production n’ont pas réussi à vendre, que les distributeurs et cinémas n’ont pas voulu diffuser, le piratage donne du souffle à un système qui s’effondre doucement mais surement, avec des artistes qui crèvent de faim et des ayants droit qui n’arrêtent plus de s’empiffrer sur leur dos. Si on veut éviter l’effondrement total, il est urgent de reconsidérer le système actuel, mais s’attaquer systématiquement au piratage dès que ça ne va pas est à mon avis la dernière des choses à faire.

« Le besoin d’avoir l’objet »

Tu ne peux pas comprendre, tu n’aimes pas le cinéma autant que moi, t’es pas une passionnée, tu ne ressens pas le besoin d’avoir l’objet, tu te contentes du streaming très bien mais il faut laisser le choix aux gens !

@SamVerho

On appelle cela du matérialisme, voire du fétichisme, pas de la cinéphilie. Et niveau fétichisme j’ai été très largement servie par la plupart des personnes qui m’ont répondu en publiant une photo de leur dvdthèque très fournie. Je ne juge pas, et je n’ai jamais dit que j’allais interdire le DVD comme le sous-entend Sam, mais pitié ne jugez pas ceux qui n’ont pas eu l’envie de dépenser tout leur argent dans des supports qui sont voués à disparaitre, ne jugez pas ceux qui n’ont pas souhaité s’intégrer, comme vous l’avez brillamment fait, dans ce système consummériste entretenu par les ayants droit.

« Le fétichisme est un report de l’affectivité sur un objet unique ou composé, symbolique, en lui attribuant une efficacité supérieure à la sienne sur la réalité. »

Wikipedia

Par exemple : https://twitter.com/flofly25R/status/1269970344879816712

Moi, je l’avoue, j’ai préféré acheter des disques durs externes pour stocker ma bibliothèque de films, de séries et de musique, et je me sépare petit à petit de mes DVD et CD que, soit dit en passant, bien que de très bonne qualité, personne ne semble vouloir me racheter. Quant au jugement sur le fait que je ne sois « pas une passionnée », que je n’aime « pas le cinéma autant que » lui, parce que je « ne ressens pas le besoin d’avoir l’objet », je ne pense pas avoir à répondre à cela, mais je vais quand même le faire en vous racontant une petite histoire.

Quand j’étais au lycée, j’allais au cinéma deux à trois fois par semaine, j’avais la chance d’avoir une petite salle de cinéma d’Arts et Essai tout près de chez moi à La Souterraine, une salle dont j’avais rejoint le comité de programmation pour choisir les films que j’aurai la possibilité de voir. Je me souviens, par exemple, que j’ai été la seule petite veinarde à avoir la chance de voir Interstella 5555 dans une salle de cinéma, j’en avais demandé la copie, nous l’avions récupérée, mais comme le reste du comité l’avait prévu malgré mes arguments très convaincants, personne d’autre que moi dans mon village n’a voulu aller voir ce petit bijou du cinéma d’animation en salle lors des trois séances programmées. Après le bac, j’ai voulu faire des études de cinéma, c’est pourquoi je suis partie à Montpellier pendant deux ans, deux années pendant lesquelles j’ai appris les bases théoriques, économiques et historiques du cinéma. J’ai adoré apprendre tout cela, j’étais passionnée et follement admirative du septième art, je rêvais de devenir scénariste, productrice et même réalisatrice. Et puis, après deux ans de fac de cinéma pendant lesquels je n’ai rien appris d’autre que ce que j’aurais pu apprendre dans des livres, j’ai choisi de me réorienter vers une filiale universitaire plus efficace pour m’assurer un diplôme sérieux qui ne ferait pas sourire les employeurs comme c’était le cas avec mon premier cursus. J’ai choisi ensuite de poursuivre mes études avec un DUT de Gestion des Entreprises et des Administrations. Rien à voir avec le cinéma au premier abord, mais ça ne m’a pas empêché de continuer à cultiver ma passion pour le septième art, d’ailleurs je voulais toujours y travailler quand je suis entrée dans la vie active… Mais mon destin professionnel fut finalement tout autre. Je dois bien avouer cela dit que moi aussi je pensais, à cette époque, qu’un vrai fan de cinéma devait posséder une copie d’un maximum d’œuvres, mais comme je n’avais pas les moyens d’acheter autant de DVD que la plupart des gens qui m’ont envoyé une photo de leur mur recouvert de DVD, je téléchargeais illégalement des dizaines de films que je regardais puis stockais amoureusement sur des DVD-R, et maintenant sur des disques durs externes. J’ai de fait en ma possession, encore aujourd’hui, une grosse collection de films de toutes les époques depuis la création du cinéma, et aussi une belle collection de séries, de quoi passer au moins une vie devant l’écran, mais je me demande, à l’instant où j’écris ces lignes, vu les technologies à notre disposition, si ça en vaut vraiment la peine, d’autant qu’une fois qu’on a vu un film, à part si on ne l’a pas compris, ou à moins de souhaiter l’étudier avec beaucoup d’attention, il me parait assez inutile de le revoir, et surtout je me dis que finalement, à quoi bon avoir des espaces de stockage personnels dédiés à cela quand on pourrait les partager avec toute l’humanité, pourquoi vouloir à ce point posséder, rien qu’à soi, une copie d’une œuvre qui serait tellement plus utile à l’humanité si elle était entre les mains de tout le monde…

Pif gadget ou le Chasseur français

1. Pas mal de gens 
2. Et alors, la VoD souffre aussi du piratage 
3. Vous avez lu ça dans Pif Gadget ou dans Le Chasseur français? 
4. Une étude pour appuyer cette affirmation? 
Le Parti Pirate est une bande de clowns, petite heureusement

@GMTine

Donc :
1. Presque plus personne, et c’est un fait, prouvé par des sources plutôt très fiables.
2. Peut-être, rien ne le prouve et rien ne prouve que le piratage soit à l’origine des problèmes que rencontre le cinéma français, mais connaissez-vous le principe de licence globale ?
3. Je ne lis ni l’un ni l’autre, mais vous avez l’air de connaitre le contenu de ces revues mieux que moi.
4. Oui. https://www.sortiraparis.com/actualites/a-paris/articles/225866-hadopi-un-bilan-couteux-pour-une-efficacite-incertaine
Je m’exprime en mon nom, mais je préfère être un clown qu’un boomer, quelle que soit son influence dans ce monde.

« Plein de gens »

Plus sérieusement, la question « qui achète encore des DVD ? » a déjà sa réponse, à savoir: plein de gens. Si les distributeurs investissent des milles et des cents dans la production de DVD, Blu-ray, Blu-ray 3D, blu-ray 4k, steelbook, éditions collectors, remasterisation, etc etc, c’est bien qu’il y a un commerce là-dedans, et surtout, c’est un commerce qui permet de donner une deuxième vie à certains films: Scott Pilgrim et Dredd, pour ne citer qu’eux, on été des échecs commerciaux qui ont connu le succès financier uniquement grâce à la vente physique.

@Thocerwan

Les ventes de DVD/BR sont en chute libre, chiffres à l’appui, et c’était d’ailleurs le constat de l’auteur du tweet qui m’a fait réagir, mais selon @Thocerwan, « plein de gens » en achètent. Bien. Prenons donc l’opinion de Tô-ssert-ouane pour ce qu’elle est : une opinion. Qui plus est, une opinion fallacieuse puisque basée sur un argument fallacieux : « Plein de gens ». Moi aussi, avec mon doigt mouillé, je suis en capacité de donner des réponses aussi pertinentes…

La VoD permet, elle aussi, de donner une seconde vie à des films, elle permet même de donner une première vie à des films, et c’était déjà le cas avant l’arrivée de Netflix en France, donc cet argument est peut-être juste, mais pas opposable à la disparition des supports DVD/BR.

Une qualité de service désastreuse

Ensuite, et on va dire que c’est un délire de cinéphile acharnés, mais c’est une réalité: la qualité des services de VOD est tout bonnement désastreuse, à tel point que, sur Netflix et Disney+, la différence entre de la 1080p et de la 4K et très difficilement perceptible par moment, et quand certains films proposent un véritable travail de la photographie, c’est quand même dommage de pas pouvoir en profiter en qualité optimale à cause de la VOD, ce que le support disque permet.

@Thocerwan

Je l’ai déjà dit, la qualité de la connexion fait tout, et il n’y a pas que Netflix et Disney+ qui proposent des films à la demande. Aujourd’hui, on peut télécharger des films avec des systèmes de VoD pour les regarder plus tard, on sort ainsi du système de streaming pur pour regarder un film, et cela permet de stocker des films, si tant est qu’il soit nécessaire de conserver des films qu’on a déjà vus, dans des espaces dédiés pour cela. S’il suffit pour ça de perdre 10 minutes à une heure de téléchargement pour regarder un film en bonne qualité (tout dépend de votre connexion et de vos exigences en matière de qualité), cela reste globalement moins long et plus écologique que de, au choix, acheter le film en DVD/BR, c’est à dire se déplacer dans un magasin ou se faire livrer (donc par un déplacement motorisé quoi qu’il en soit) un support physique qui est une catastrophe écologique à produire ou à recycler, produisant ainsi une empreinte carbone conséquente.

Donc l’argument de la qualité soi-disant médiocre des services VoD de Netflix de Disney, qui ne sont que deux services parmi une multitude d’autres qui proposent eux aussi de vous fournir direct à la maison, avec un choix quasiment illimité, en qualité ou en quantité, des œuvres cinématographiques de toutes sortes et de toutes origines, tombe à l’eau.

Je viens de parler d’écologie, et je sens poindre l’argument de la consommation d’énergie liée à la consommation de données des vidéos à la demande… N’oubliez pas d’où l’on vient avant de remettre en question où l’on va. Un serveur mutualisé pour visionner des films à distance, tel que le proposent les services de streaming de plus en plus nombreux, et quoi qu’on en pense, toutes choses égales par ailleurs, reste très probablement moins consommateur d’énergies et de ressources ou moins producteur de déchets que le support DVD ou Blu-Ray. N’ayant toutefois aucune source à ma disposition pour affirmer cela, je ne peux que me baser sur un argument au doigt mouillé basé sur ma connaissance de la technologie, de la consommation de ressources qui lui est liée et sur la consommation potentielle de ressources nécessaires pour produire des supports DVD/BR équivalents à la consommation de VoD. Mais bon, vu le nombre d’arguments au doigt mouillé que j’ai eu le plaisir de lire sur le sujet, je pense que ça ne gênera personne que je me risque à en donner un, beaucoup plus facilement évaluable, à mon tour.

« Qui peut purement et simplement jeter ses films à la poubelle »

Aussi, oui le support disque est difficilement recyclable, mais c’est pas quelque chose qu’on jette tout les deux jours non plus quoi, soit c’est revendu, soit donné, mais je me demande bien qui peut purement et simplement jeter ses films à la poubelle.

@Thocerwan

Hm. Donc les DVD/BR ne se cassent jamais, les supports ne se détériorent jamais. Les supports DVD/BR c’est magique. Ou alors peut-être qu’on ne les utilise jamais. Tout cela est faux, bien entendu. Évidemment que des gens jettent des films à la poubelle, tout comme des gens jettent des livres à la poubelle. Les invendus ne sont pas indéfiniment stockés, cela prendrait trop de place, les stockages ne sont pas infinis, et un DVD qui n’est pas prévu pour être réécrit ne peut pas être recyclé contrairement à un serveur qui aurait servi à stocker une donnée à un instant T. À la production, à la livraison, à la fin de sa vie, un DVD est consommateur d’énergie et de ressources, ce n’est pas un objet neutre pour l’environnement. Et je ne vais pas parler de l’espace que vous gâchez pour les stocker dans vos salons quand vous pourriez les avoir sur un serveur ou même un simple disque dur, parce que je gâche moi-même énormément d’espace pour stocker des livres qui pourraient, eux aussi, être stockés sur un serveur ou un disque dur, si seulement j’arrivais à lire sur un écran…

« Retourne dans ton parti imaginaire »

Pourquoi est-ce que l’on laisse encore la parole à ce genre de débiles ? Retourne dans ton parti imaginaire de pirate au lieu de parler de ce que tu ne connais pas

@SinisterGarden

J’ai aussi eu droit à ce type de réponses. Je suis donc débile et ridicule, dans un parti imaginaire et je ne connais pas le sujet. Pour le reste, j’ai déjà répondu plus haut au seul argument de ce tweet, bien qu’il soit vraiment bien caché. Twitter est un endroit merveilleux où il est facile de disqualifier son prochain en l’attaquant sur le parti politique qu’il a choisi de soutenir, pour ne citer que cela. Je voulais simplement vous donner un autre exemple de ce que je considère comme une attaque personnelle sans la moindre valeur. C’est le genre d’attaque sans la moindre valeur, gratuite et plutôt carrément paternaliste que je lis trop souvent sur Internet.

Les bonus et versions longues

Tu critiques une industrie qui rapporte des millions et qui permet de voir un fils ou une série dans de meilleures conditions, avec des dizaines de bonus voir des versions longues et on se sent anti capitaliste, t’es juste ridicule

@SinisterGarden

La meilleure condition pour voir un film, ou même une série, c’est celle qu’on a choisie. Cela m’arrive quelque fois de regarder une série sur mon smartphone, et je me porte très bien, je ne loupe pas une seule minute de ce que je regarde, l’histoire reste la même quelle que soit la taille de l’écran ou la qualité du son, et ma culture se porte très bien comme cela. Quant aux bonus, ils n’apportent pas grand chose à l’œuvre à proprement parler, ils peuvent parfois aider des gens qui n’auraient pas compris le sens de l’œuvre du premier coup, ils aident aussi parfois à comprendre comment des scènes ont été tournées, ils peuvent parfois apporter un petit plus au film, c’est indéniable, mais ils ne sont que des produits dérivés qui permettent justement de vendre plus de supports DVD/BR, et donner ainsi l’impression que l’achat était utile, on en revient donc à notre système de consommation. C’est un peu comme acheter une figurine de Star Wars, il n’y a aucune raison de se croire plus cultivé, plus cinéphile ou plus fan que les autres parce qu’on a un morceau de plastique pour le prouver… Oui, je persiste à considérer que lorsque vous achetez des copies d’œuvres vous faites perdurer le système capitaliste. Je ne vous empêche pas d’utiliser votre argent comme bon vous semble, je me permets simplement de critiquer un système qui vous fait croire, et visiblement avec succès, à tel point que vous pensez que vous arguments en sa faveur sont pertinents, que vous procurer une copie d’une œuvre vous rend plus cultivé que quelqu’un qui ne l’a pas. C’est tout simplement faux, vous avez juste eu accès à un objet parce que vous en avez eu les moyens financiers et que vous avez fait le choix de les consacrer à cet achat, mais une personne qui regarde le même film téléchargé illégalement sur Internet (avec ou sans les bonus, parce que vous pouvez aussi trouver les bonus sur Internet en cherchant bien) n’est pas moins cultivée que vous, elle a juste eu la malice de payer moins cher que vous pour accéder à une connaissance culturelle égale. Ne jalousez pas cette personne comme vous le faites, demandez lui plutôt comment elle a fait, et donnez lui les moyens de continuer, vous verrez, le sentiment que vous en tirerez est au moins aussi satisfaisant que celui que vous éprouvez en achetant un DVD ou un Blu-Ray.

Le fétichisme à son paroxysme 

La sensation d’acheter un Bluray mais surtout et je dis bien surtout ce moment où vous ouvrez votre boîtier pour prendre délicatement le disque et l’insérez dans le lecteur c’est juste incroyable. Un rituel qui est cher pour tout cinéphile à mon humble avis.

@DeAdZ67832798

C’est clair, surtout quand la boîte est bien présenté, et que tu te plonge dans l’univers que tu es prêt à voir !

@CineRexo

Ceux qui se passionnent pour le cinéma,éprouvent le besoin de posséder une version « physique » de l’œuvre (pareil pour la musique). Et la VOD ne propose pas de bonus, de making of, de livret avec photos etc. Sans parler des jaquettes, qui peuvent être des œuvres d’art à elles seules.

@TylerDu71018473

Avec la vod on a pas les superbes jackettes de steelbooks ou de figure

@Pierre77200

On part donc globalement sur du fétichisme. Je savais que les collectionneurs mettaient de la valeur là ou n’importe qui ne voyait rien, pour des choses qui ne semblent ne pas en avoir, mais je ne les aurais jamais cru aussi fétichistes, au point de considérer qu’ouvrir un DVD est un acte sensuel, excitant ou encore intellectuellement stimulant.

Je n’ai rien contre les collectionneurs tant qu’ils ne viennent pas me pourrir la vie et me tenir des propos insultants. Avec ma réponse à cette attaque délibérée contre la culture de l’open source, j’ai fait les frais d’une culture fétichiste qui m’a beaucoup fait sourire. Parce que oui, je dois bien avouer que j’ai beaucoup rigolé en lisant certaines de ces réponses de ces messieurs (oui ce furent principalement des messieurs…) qui éprouvent de tels sentiments à ouvrir, à sentir, à toucher un morceau de plastique…

Mais j’ai découvert récemment un nouveau moyen pour eux d’exploiter leur potentiel de collectionneur dont je parlerai très prochainement (de la suite dans les idées, je vous avais prévenus), et qui exacerbe à la fois le besoin de posséder et l’envie de collectionner quelque chose d’inutile, le support en plastique en moins : Les NFT.