Mélenchon : dieu pour lui-même, maitre pour les autres, démocrate pour personne

L’Histoire nous a rarement donné l’occasion de croiser des personnes talentueuses, intelligentes, altruistes, honnêtes et sincères dans leurs engagements et dans leurs combats. Après une longue observation du personnage, de ses engagements, de ses prises de position et de ses nombreuses interventions, je peux affirmer aujourd’hui sans le moindre doute que Jean-Luc Mélenchon n’en fait pas partie.

Cet homme est certes talentueux.

Excellent orateur, il sait haranguer les foules, motiver ses soutiens et convaincre, pendant quelques instants au moins, les indécis qu’il est l’homme providentiel.

Cet homme est certes intelligent.

Il sait s’entourer des bonnes personnes, il maitrise à la perfection les codes du communisme totalitaire et les ficelles de la communication politique qui lui permettent de faire avaler des couleuvres à des dizaines, des centaines, des milliers de personnes.

Mais, j’en suis convaincue aujourd’hui, cet homme n’est ni altruiste, ni honnête, ni sincère dans son engagement et dans ses combats, et je suis terriblement attristée de voir autant de personnes le soutenir sincèrement, prendre sa défense par altruisme, sans nul doute, et le plus honnêtement du monde, rejoindre un mouvement qui, caché sous une énorme couche de vernis pour n’importe quel néophyte en politique, use et abuse de mécanismes qui rendraient vert de jalousie Staline s’il était encore de ce monde.

En quittant le PS, il y a quelques années, il passait pour un effronté, apparatchik au grand coeur, qui avait de grandes et belles idées et de grands et beaux projets. Avec son Front de Gauche, il s’est créé plusieurs occasions de redonner de l’espoir à plein de militants de gauche perdus, à des écologistes qui ne voulaient plus de l’appareil Vert, à des communistes qui avaient besoin de changer d’air, à des socialistes que le tournant libéral de leur appareil avait fait fuir, à des gens que la politique n’avait jusqu’alors pas intéressés, il a permis à des gens de se retrouver autour de grandes et belles idées, des gens qui l’ont finalement choisi pour les représenter au niveau européen.

Et puis il n’a jamais mis les pieds au Parlement Européen. Il avait sans doute de bonnes raisons mais nous ne les avons jamais entendues, ni même comprise. Lui en revanche avait bien compris plusieurs choses, Jean-Luc Mélenchon est un homme intelligent, je l’ai dit, il a en plus été formé auprès des plus grands politiciens de la gauche moderne, alors il savait très bien comment faire pour créer une dynamique partisane autour de sa personne. Il a surtout compris comment procéder.

Alors, plutôt que de se contenter de sa longue et belle carrière d’élu et de ses résultats plus ou moins honorables, plutôt que de se trouver un ou plusieurs successeurs et de former une relève, en 2017, il a décidé d’y retourner, une dernière fois soi-disant, parce qu’il se voyait déjà à l’Élysée quand il a lancé sa campagne. Intelligent oui, mais finalement pas très malin le bonhomme.

« La France Insoumise est un mouvement politique stalinien !
– C’est faux ! Lisez l’Avenir en Commun ! »

« Jean-Luc Mélenchon est un leader despote qui n’a aucune légitimité si ce n’est celle d’avoir côtoyé les bonnes personnes au bon moment et d’avoir assez d’argent et de notoriété pour construire son propre mouvement autour de sa petite personne !
– C’est faux ! Lisez l’Avenir en Commun ! »

« La France Insoumise est enfermée dans un dogme, dans une vision autocentrée de la politique, obnubilée par le charisme de son unique leader despote, amoureuse éperdue de cet homme qui n’en a absolument rien à faire de ce que pensent les militants de son propre parti mais qui se repose bien volontiers sur leur ferveur militante, une organisation qui refuse catégoriquement qu’il puisse exister autre chose que sa propre idéologie sectaire à gauche de l’échiquier politique français.
– C’est faux ! Lisez l’Avenir en Commun ! »

Puisque je m’attends à ce que la question me soit posée comme à chaque fois que j’émets une critique sur le leader de la France Insoumise ou sur le mouvement qui l’entoure, j’y répond une bonne fois pour toutes : Oui, j’ai lu l’Avenir en Commun.

Je n’aurais certainement pas osé parler d’un parti politique dont la seule et unique réponse, quoi qu’on dise, est un renvoi systématique vers ce programme politique, qui semble être doté de pouvoirs magiques à leurs yeux, si je n’avais pas eu la curiosité de lire ce fameux programme.

Magique.

J’en viens à me demander si les personnes qui m’ordonnent de lire ce programme l’ont bien lu elles-mêmes, parce que oui, je l’ai lu, et il ne répond vraiment pas à tout ce que je peux reprocher à la France Insoumise ou à Jean-Luc Mélenchon.

Au début beaucoup de monde a trouvé son initiative plutôt intéressante, même si le côté autocentré et légèrement autoritaire de son nouveau mouvement n’a pas trop plu à tout le monde. On a suivi la rédaction de son programme, plein de gens ont payé 3 euros ce petit livre tricolore, il y avait tellement de points intéressants dedans qu’il est très probable que chaque militant de gauche s’y soit un peu retrouvé, mais dans ce nouveau programme nous promettant un « Avenir en Commun », la France Insoumise avait amorcé une nouvelle idée de l’Europe un peu inquiétante.

Un peu trop inquiétante ?

Peut-être que les fameuses 600 000 voix qui lui manquaient au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 étaient celles des européens que son programme a un peu trop inquiété, peut-être étaient-ce celles que le côté un peu trop autoritaire de sa personne avait éloignées, peut-être étaient-ce celles que l’agressivité de ses soutiens a fini de repousser. 

Oui, j’ai lu l’Avenir en Commun en 2017.

Je me sens forcée de le répéter plusieurs fois tant les membres de la France Insoumise sont insistants avec cette seule et unique réponse.

En 2012, avant de voter sans grande conviction pour Eva Joly, j’avais lu Vivre Mieux, le programme d’Europe Écologie-Les Verts qui abordait déjà beaucoup de points similaires à l’Avenir en Commun. J’ai d’ailleurs été assez stupéfaite de retrouver dans l’Avenir en Commun des phrases finalement assez proches de celles écrites dans Vivre Mieux et je me souviens m’être demandé si le programme porté par Jean-Luc Mélenchon n’était pas une copie, certes de qualité moindre et un poil plus liberticide il faut bien l’admettre, du programme porté par Eva Joly 5 ans plus tôt avec, bien entendu, quelques nuances.

Si, après ma découverte de l’Avenir en Commun, je suis arrivée à la conclusion que je n’adhère pas à ce programme à 100% en constatant un certain nombre de désaccords irréconciliables (par exemple sur le vote obligatoire, l’abolition de la prostitution ou le service citoyen -voire militaire- obligatoire, trois points défendus par la France Insoumise qui vont complètement à l’encontre de mes engagements), je dois bien admettre que j’y ai trouvé un grand nombre de points proches de ceux que je défends, et davantage que dans beaucoup d’autres programmes politiques.

Mais, et c’est ce que les insoumis refusent catégoriquement d’entendre, je ne me reconnais pas du tout dans l’incarnation de ce programme par le mouvement de la France Insoumise en tant que tel.

En effet, ce qui me dérange le plus, en outre de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon qu’il m’est très difficile d’apprécier (j’apprécie rarement les gens malhonnêtes, et je repère très vite ce trait de caractère chez les gens), c’est l’organisation du mouvement politique de la France Insoumise. Enfin, « organisation » est un bien grand mot pour définir un mouvement qui n’en a pas l’ombre d’une.

Peut-être par déformation professionnelle, ou peut-être par déformation militante, il m’est impossible de rejoindre ou de soutenir d’une quelconque manière une organisation dont j’ignore le fonctionnement interne, ou dont le fonctionnement interne m’apparaît soit obscur soit verrouillé. Puisque pour chaque bulletin de vote, une part du financement public est accordée par l’État au parti politique auquel appartient le candidat, voter pour Jean-Luc Mélenchon ou pour n’importe quelle candidature de la France Insoumise reviendrait à accepter de contribuer au financement du parti politique ou de l’association de financement lié à ces candidatures. Et après une lecture approfondie des statuts de cette organisation, je peux affirmer sans le moindre doute qu’il n’y a rien de démocratique dans l’organisation politique de la France Insoumise.

Au-delà de la personnalité de son leader, qui m’exaspère au plus haut point, au-delà de mes quelques divergences insurmontables avec le programme qu’il porte et au-delà de la sensation persistante que, quoi qu’on en pense et quoi qu’il se passe, ce mouvement n’existerait plus sans Jean-Luc Mélenchon, pour la simple et bonne raison que nous n’avons aucune visibilité sur la manière dont sont prises les décisions de cette organisation ou dont est utilisé l’argent qu’elle gagne, il m’est impossible de rejoindre la France Insoumise ou de voter pour quelqu’un qui s’en revendiquerait.

En effet, sans connaitre le processus démocratique interne, comment savoir si ma voix sera prise en considération à sa juste valeur dans le cadre des prises de décisions de ce mouvement ?

Si j’ai la possibilité de participer à l’écriture d’un programme commun, par le biais d’une plateforme, d’un forum, d’un système quelconque de discussion en ligne, de rencontres organisées localement, à quel moment ai-je la garantie que ma voix sera entendue par les personnes qui décident de la ligne choisie, d’autant plus si je ne sais pas qui sont ces personnes ?

Et si je devais désigner des candidats, ou des référents internes, comment savoir de quelle manière ces personnes seront élues s’il n’existe aucune règle connue pour les élire ?

Et qui, et même comment décide-t-on des règles que nous suivront pour ce faire ?

J’ai remarqué que dès lors que vous accusez la France Insoumise d’être tout sauf une organisation démocratique, vous êtes systématiquement catalogués par les membres de ce mouvement comme un soutien de Macron et de sa République en Marche, et bien que je sois aussi éloignée idéologiquement du parti gouvernemental que du parti de Jean-Luc Mélenchon, je suis stupéfaite que les insoumis semblent considérer qu’être membre de La République en Marche est pire qu’être membre du Rassemblement National.

Peut-être est-ce logique. Après tout, si j’étais au Rassemblement National, je n’aurais sans doute pas choisi de publier des articles sur un site tel que Mediapart en sachant pertinemment quelle audience j’y trouverai, toutefois cela n’explique pas que de telles accusations aient déjà été portées à mon encontre sur d’autres réseaux sociaux, dans la rue, pendant les campagnes électorales auxquelles j’ai participé…

Il parait donc inconcevable pour les insoumis que l’on puisse ne pas les soutenir sans pour autant ne pas non plus soutenir La République En Marche. Pourtant, je pense avoir démontré plusieurs fois, dans mes précédentes publications ou dans mes prises de positions, que je ne tiens pas non plus La République en Marche et notre actuel gouvernement en très haute estime.

Le fait est qu’en 2017, Jean-Luc Mélenchon n’a pas réussi à convaincre assez de monde de sa bonne foi et de sa capacité à incarner le pouvoir présidentiel, pas autant que M. Fillon malgré ses affaires, pas autant que Mme Le Pen malgré son nationalisme, pas autant que M. Macron malgré son inexpérience.

Je l’ai senti vexé. Il l’a sans doute été, ça peut se comprendre. Mais j’ai surtout l’impression que ça l’a rendu fou.

Depuis cette défaite cuisante, il ne fait que décevoir ceux qui l’ont soutenu, les uns après les autres.

Il déçoit ceux qui avaient voté pour lui plutôt que pour Benoit Hamon qui a fait l’erreur de se présenter avec une étiquette partisane que tout le monde souhaitait voir disparaître, malgré sa volonté de changer, malgré son programme, et je pense que si nous leur posions la question, la plupart des électeurs de la France Insoumise l’avoueront sans détour, ils ont voté pour lui parce qu’ils ne voulaient pas de Le Pen au second tour, parce que les sondages étaient plutôt inquiétants, mais c’est pour Benoît que leur coeur battait. Ils n’ont donc finalement pas voté pour lui, ils ont voté contre quelqu’un d’autre.

Il déçoit ceux qui n’ont pas voté pour lui mais qui auraient pu le rejoindre après sa défaite s’il avait pris les bonnes décisions, s’il leur avait laissé la porte ouverte.

Il déçoit ceux qui vivent là où il a parachuté ses lieutenants pour prendre le pouvoir, en sachant pertinemment qu’ils seraient élus puisque son score au premier tour de la présidentielle ne laissait aucune place au doute. À votre avis, pourquoi Jean-Luc Mélenchon s’est-il présenté aux législatives 2017 à Marseille alors qu’il a été quasiment toute sa vie élue dans l’Essonne ?

Il déçoit ceux qui l’ont cru quand il disait que la sortie de l’Europe ce n’était pas son objectif, qu’il voulait une autre Europe plus sociale et solidaire quand la première chose qu’il fait en entrant dans ce lieu sacré qu’est l’Assemblée nationale, après avoir traité publiquement des dizaines de personnes comme des sous-merdes (journalistes, huissiers, même d’autres députés, et ce en seulement 2 jours !) c’est conspuer le drapeau européen.

Certains se souviennent. Quelle honte. Lancer des petites polémiques, c’est tout ce qu’il vous reste quand vous n’avez pas d’idées, quand tout ce que vous portez c’est ce que les sondages vous disent de porter, quand vous n’êtes qu’une girouette qui tourne en fonction de la direction du vent…

En 2017, au lendemain de la présidentielle, les insoumis avaient hurlé contre les derniers soutiens de Hamon qu’ils estimaient responsables de la défaite de leur leader. Les analyses électorales ont montré depuis que ce n’était pas le cas, l’électorat de Benoit Hamon n’aurait jamais voté pour Jean-Luc Mélenchon, la démission de Benoit Hamon n’aurait pas rendu à Mélenchon des voix qu’il n’a jamais perdues, des voix qu’il n’a finalement jamais eues. Dans quelques mois, lorsque Jean-Luc Mélenchon perdra, je m’attends déjà à entendre les insoumis hurler contre toutes les candidatures de la gauche qu’ils estiment être des barrières au dernier tour de piste de leur leader minimo. On peut faire des petits calculs d’amateurs pour avancer que Mélenchon est potentiellement le seul à être en position de maintenir sa candidature et en profiter pour défoncer toute candidature qui se positionnerait à gauche, on peut aussi réfléchir un peu mieux à la situation en mettant en perspective les répartitions des voix de la gauche politique française.

Même si l’intégralité des candidatures de la gauche se désistait, Mélenchon n’obtiendrait jamais 26% des voix. Il y aurait toujours des gens qui refuseraient de voter pour lui, il y aurait toujours des gens qui estimeraient moins pire de voter pour n’importe quelle candidature à droite, n’importe qui d’autre que cet homme. Croire que Mélenchon pourrait rassembler la gauche derrière lui c’est se fourvoyer totalement.

Mélenchon est un homme autoritaire, ni les écologistes d’EELV et ni les sociaux libéraux du PS n’iraient voter pour un homme qui s’est autoproclamé le sauveur de l’écologie française en prenant en otage un parti historique comme Mélenchon l’a fait, et même si c’était effectivement le candidat du rassemblement, les soutiens d’EELV ou du PS ne voteraient pas massivement pour un homme qui a défoncé en priorité les seuls partis qui pouvaient lui apporter leur soutien, les seuls partis qui jusque là proposaient un programme décidé démocratiquement, un programme que ses employés n’ont pas hésité à reprendre et à transformer selon son bon vouloir. Jean-Luc Mélenchon n’a jamais cherché à rassembler ses suiveurs avec les écologistes qui lui ont proposé plusieurs fois de les rallier, et de toute façon il n’a même pas ne serait-ce que l’apparence d’un écologiste, même s’il prétend, à des fins purement électoralistes, porter leur programme.

Ah, pardon, il mange du quinoa et milite contre le nucléaire…

J’imagine qu’il fait pipi sous la douche aussi…

Franchement, son programme politique est à la fois pathétique et inquiétant, il y a beaucoup de points qui méritent réflexion, qui semblent novateurs mais qui finalement sont dangereux pour la démocratie. Mélenchon, c’est la plus grande escroquerie politique de l’histoire de la gauche, même Le Pen et son nouveau FN, dont la façade a été ravalée par Philippot et est sur le point d’être reprise en main par Zemmour, n’atteint pas le niveau d’escroquerie atteint par Mélenchon et ses multiples coups de communication politiques visant à rejouer strictement la même scène à chaque élection, et ce depuis 15 ans maintenant. Et franchement, s’il y a bien un homme irresponsable dans l’histoire de la gauche, c’est bien cet homme qui s’est imposé comme le leader d’un mouvement composé majoritairement de gens irrespectueux envers ceux qui pourraient être de leur côté.

Combien de fois des militants de la gauche ou des écologistes se sont-ils faits insultés par ces soi-disant insoumis qui ne font que suivre le messie autoproclamé d’un programme liberticide ?

Si aujourd’hui autant de personnes éprouvent autant de mépris pour ces gens et leur leader, c’est parce que ça fait des années que des centaines, des milliers de militants politiques s’en prennent plein la gueule en permanence, pendant les campagnes électorales, sur le terrain, sur les réseaux sociaux. Et pourquoi ? Parce que des représentants ont eu l’audace de croire, en 2012, que le Gouvernement Hollande était de gauche ? En fait, celui qui a lâché tous les autres en 2012, c’est Mélenchon, c’est lui qui a refusé d’entrer au Gouvernement et de faire pression sur le PS pour réaliser les promesses tenues. Oui, le traitre, c’est Mélenchon, le lâche, c’est Mélenchon, et le danger, le seul et unique danger pour la gauche aujourd’hui, si tant est que l’on puisse considérer la France insoumise et son leader de gauche, c’est et ça reste encore toujours Mélenchon. C’est depuis 2012 que c’est un danger, depuis 2012 qu’il a lâché la gauche et qu’il fait cavalier seul, à quel moment va-t-il comprendre que personne ne lui cédera la place, que cela reviendrait à laisser Le Pen gagner, et à quel moment comprendra-t-il que seul ou accompagné, qu’il soit candidat de la gauche rassemblée, de sa France Insoumise ou du quelconque nouveau parti qu’il a créé pour y parvenir, il ne gagnera pas ? C’est statistique, c’est humain, c’est physique, la gauche se souvient de sa trahison, de sa défection, les militants savent qu’il a un énorme melon, que c’est un arriviste, et quoi qu’on en dise, oui les militants ont une mémoire, ils se souviennent, si c’est lui le candidat de la gauche rassemblée, si c’est à lui que la gauche doit faire confiance, alors personne ne pourra avoir confiance en la gauche, en cet homme là pour l’incarner, il a brisé la confiance qu’il pouvait avoir lorsqu’il a piétiné tout le travail que les militants ont abattu, lorsqu’il leur a manqué de respect comme il l’a toujours fait, en s’emparant du travail des autres, en se l’attribuant à lui tout seul, donc même si le risque c’est que l’extrême droite soit élue, si Mélenchon était effectivement le candidat du rassemblement, alors nombreuses seraient les personnes qui voteraient blanc dès le premier tour, ou qui ne voteraient pas du tout, et quoi qu’il se passe, gauche rassemblée ou non, Mélenchon n’a AUCUNE chance d’atteindre le second tour, ni en 2012, ni en 2017, ni en 2022, ni jamais, en fait.

En 2017, je pensais de ce qui semble donc être le principal rival politique de la France Insoumise, La République En Marche, qu’il s’agissait aussi d’une organisation non démocratique. D’ailleurs, cet autre « mouvement » refuse lui aussi d’être qualifié de parti politique, comme s’il suffisait de se revendiquer comme n’étant pas un parti politique pour ne pas l’être…

Lorsque les militants de la France Insoumise ou de la République En Marche s’accordent à dire que leurs « mouvements » ne sont pas des « partis politiques » ou qu’ils ne sont pas des partisans, ils ne font que s’enfoncer dans le déni. Et lorsque les leaders de ces « mouvements » revendiquent le fait de ne pas être des leaders de partis politiques, et donc d’être différents des partis qu’ils considèrent comme traditionnels, ils sont tout simplement hypocrites.

Mais les personnalités politiques et les mouvements politiques qu’elles construisent autour d’elles ne font elles pas de l’hypocrisie leur fond de commerce ?

À la différence de la France Insoumise, la République en Marche dispose de statuts qui ont d’ailleurs été mis à jour en 2019, mais soyez rassurés (ou pas), je ne me retrouve pas davantage dans cette organisation que dans celle, inexistante, impalpable, de la France Insoumise.

Tout ce qui n’est pas insoumis est donc macroniste.

Lorsque vous êtes acculé, incapable de répondre à une simple question (« où sont les statuts de la France Insoumise ? »), trop fier pour admettre que vous n’avez aucune réponse acceptable à apporter, plutôt que le silence, l’insulte est bien souvent le seul recours qu’il vous reste. Assimiler de nouveaux opposants qu’on ne connait pas bien à ceux contre lesquels on a construit toute son existence est facile, évident même dès lors que l’on observe le paysage politique avec une vision bipartisane, dès lors que l’on reste coincé dans un schéma binaire, manichéen, et incapable de penser au delà de ce que l’on a toujours connu.

À cette critique peu constructive voire carrément puérile, tout ce que je peux répondre aujourd’hui, je le répète, c’est que je me sens aussi proches de La République En Marche que de la France Insoumise.

Pour être déçu, il faut avoir eu de l’espoir, il faut avoir cru en quelque chose.

Je n’attendais absolument rien de La République En Marche ou d’Emmanuel Macron. Et connaissant le personnage de Jean-Luc Mélenchon, je n’attendais finalement pas davantage de la France Insoumise.

Alors dites-moi, comment pourrais-je être déçue par des mouvements dont je n’attendais rien ?

En 2017, aux législatives, après avoir consulté les programmes des candidatures qui s’étaient manifestées dans la circonscription où je vivais, Pantin-Aubervilliers, j’ai fini par me dire que si je ne voulais pas voter pour le moins pire, ma seule issue était que je dépose ma propre candidature pour le Parti Pirate. Au premier tour, j’ai voté Pirate. Au second tour qui a vu s’opposer un candidat de la France Insoumise à un candidat de la République en Marche, j’ai voté blanc et, alors que les deux camps espéraient que je choisisse le mien, j’ai préféré inviter mes électeurs à voter en leur âme et conscience, refusant ainsi d’une part de choisir entre ce que je considérais comme la peste et le choléra, et d’autre part de considérer mes électeurs comme de simples suiveurs que ma position personnelle pourrait influencer.

Aujourd’hui, je ne m’en cache pas, je n’aurai de répit que lorsque nous aurons enfin mis un terme à l’existence des partis politiques, lorsque nous nous serons débarrassés définitivement de cette caste despote qui pervertie la démocratie dans cette République corrompue.

Alors oui, je continuerai de pointer du doigt ces partis qui revendiquent un programme sans commencer par se l’appliquer à eux-même.

Si vous demandez de la transparence, commencez par rendre vos processus internes transparents et compréhensibles.

Si vous demander de la démocratie, commencez par donner réellement le pouvoir de participer à l’orientation de votre mouvement à vos membres.

Si vous voulez du changement, commencez par l’incarner vous-même aussi bien que vous le pourrez.

À la France Insoumise, ou quelque soit le nom du parti qui soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2022, et comme, dans une moindre mesure certes compte-tenu de l’existence toute récente de statuts, à La République En Marche, un âne aurait autant de poids que la voix de n’importe quel autre membre qui ne serait pas dans les petits papier du leader. Si je compare l’un aux pires heures du communisme stalinien, je ne suis pas loin de comparer le second à un autre mouvement politique très populaire en son temps et qui a terriblement marqué l’histoire.

Il en va de même pour un grand nombre d’organisations politiques. Elles sont finalement toutes plus ou moins conçues selon le même modèle, autour d’un homme providentiel, autour d’un dogme bien imprégné dans l’esprit des membres qui les composent, autour d’une idéologie belliqueuse ou en opposition à une autre idéologie, suivant un modèle traditionnel que tout ce petit monde a bien du mal à surmonter, par habitude, par tradition, par conservatisme, par fidélité, par manque d’ambition ou, surtout, par paresse intellectuelle, la Constitution française, qui est, il faut bien l’admettre, loin d’être exemplaire en matière de démocratie.

Et la pandémie n’a rien arrangé, bien au contraire. Elle n’a fait qu’exacerber ce besoin irrépressible qu’ont certaines personnalités politiques, telles que Jean-Luc Mélenchon, de surfer sur la vague de la désinformation, de l’hypocrisie ou du complotisme, de s’opposer bêtement au Gouvernement sous prétexte qu’il faut forcément ne pas être d’accord avec ceux qui nous retirent nos libertés pour des raisons fallacieuses. Oui, ils nous ont retiré nos libertés, mais ça n’a rien de nouveau, ça ne date pas d’hier, et ça n’a rien à voir avec la pandémie, c’est leur projet depuis des années, la macronie n’a fait que renforcer des règles qui existaient déjà, elle n’a fait que poursuivre un travail engagé il y a des années par les hommes qui ont successivement dirigé le pays, et croire qu’un Mélenchon y changerait quoi que ce soit, c’est mal connaitre son programme… Avez-vous vraiment lu l’Avenir en Commun ? Quand on est persuadé que le seul moyen pour obtenir des voix est de se corrompre en revendiquant des idées de sédition en période pandémique, quand on milite pour un programme manifestement liberticide en prétendant s’opposer à un Gouvernement lui-même liberticide, alors qu’il serait préférable pour tout le monde de rester rationnel, de garder son calme et de se serrer les coudes, alors je pense qu’on n’est pas loin de toucher le fond…

Jean-Luc Mélenchon n’est qu’une caricature de ces hommes qui se sont positionnés les uns après les autres comme les uniques sauveurs de la République, des pseudo sachants, populistes, démagogiques, qui vous racontent ce que vous voulez entendre mais qui ne vous écouteront plus une fois que vous leur aurez fourni l’unique objet de leur désir, ce à quoi ils pensent en se rasant le matin devant leur miroir, le pouvoir de diriger la masse qu’ils jugent inapte à se diriger seule, ceux qu’ils estiment être les plus aptes à mener, tels des bergers. Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et son père avant elle, Jacques Chirac, François Hollande et même François Mitterrand, toutes ces personnes qui se sont un jour vu trôner à l’Elysée, qui ont pour partie atteint cet objectif, ce ne sont pas des bergers parce que nous ne sommes pas des moutons, ce sont des loups assoiffés de pouvoir, animés par cette seule soif, une soif qui les fera dire tout et son contraire pour peu que le vent les amène à atteindre leur seule cible, le but de toute leur vie…

Alors, s’il-vous-plait, chers militants politiques, investis de part et d’autres dans l’un ou l’autre de ces gros partis, ou de ces « mouvements » si vous préférez les appeler ainsi, ces organismes qui contribuent à donner à ces personnes l’opportunité d’accéder à cette sphère du pouvoir suprême dans notre pays, si vous voulez que je respecte votre engagement, commencez par respecter le mien, par accueillir mes critiques fondées et réfléchies et, enfin, laissez-moi espérer qu’un jour j’aurai la possibilité de voter pour les meilleures idées et, surtout, que je n’aurai plus jamais à me contenter de voter pour le moins pire des représentants.

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