Des nids de démocratie · 20 octobre 2021

La gauche et l’impossible rassemblement

Pourquoi chercher à faire des alliances ? Pourquoi chercher à rassembler des gens qui n’ont pas grand chose à voir les uns avec les autres ? Et pourquoi participer aux élections sous différentes bannières si l’idée est de se rassembler sous une même bannière dès que l’occasion se présente ?

Le système républicain favorise la droite, c’est connu, c’est même pour cela que la droite l’a créé, un système qui couronne une personne, un leader plus ou moins charismatique, qui doit, pour gagner, écraser tous les autres, ses alliés comme ses opposants, un leader qui doit réussir à se positionner au dessus de la mêlée pour être jugé apte à régner sur un pays qui n’a jamais accepté qu’on coupe la tête de sa royauté. Pourquoi croyez-vous que Napoléon Bonaparte avait-il réussi à s’imposer dans un pays qui s’est trouvé amputé de l’incarnation de pouvoir après une Révolution menée par des intellectuels et suivie par des gens qui croyait que leur roi n’était pas complètement déconnecté de la réalité mais seulement mal conseillé ? La droite française est l’incarnation même du pouvoir Républicain, d’ailleurs, la droite française a finalement, après plusieurs détours, choisi de prendre pour elle même le nom « Les Républicains », un nom qu’elle a longtemps fait semblant de partager avec les autres. Oui, la République française est de droite, alors comment pouvons-nous être surpris que la gauche ait depuis longtemps complètement disparu des radars ?

Notre pays n’a eu de cesse de reproduire encore et encore le même schéma, plébiscitant des idoles, leur donnant des intentions altruistes alors qu’il n’en est rien, ces hommes qui nous dirigent sont non seulement déconnectés de la réalité, mais ils ne sont pas altruistes, ils sont égoïstes, égocentriques, et c’est pour cela qu’ils pensent être les plus aptes à gouverner. L’altruisme n’a jamais façonné les leaders de la République, ça se saurait.

À la rigueur c’est la droite qui a le mieux intégré le système républicain en ne pratiquant pas le jeu des alliances que la gauche cultive. Ce jeu des alliances aurait dû être intégré proprement au système, mais il n’est finalement que le pâle reflet de ce qu’aurait pu être le consensus dans un système qui le rejette par sa construction. Des partis politiques ou des personnalités qui incarnent certaines idées se rassemblent et parviennent à se mettre d’accord, trouvent un consensus pour mener ensemble une politique acceptable pour tout le monde, cela implique de faire des sacrifices, cela implique de trouver un terrain d’entente, cela implique d’accepter de mettre de côté certaines revendications pour le bien commun, parce que les électeurs l’ont demandé, ont plébiscité à la fois un programme et un autre, avec une proportion spécifique, c’est ainsi que fonctionnent beaucoup de pays, mais ce n’est pas le fonctionnement que nous avons dans notre pays. Non, en France nous avons un fonctionnement qui force les oppositions, qui force le clivage, et qui entretient une logique totalitaire, une logique dans laquelle aucune gauche ne peut survivre. La gauche aurait dû depuis longtemps briser ce système oppressif, elle ne l’a pas fait, elle s’en est contenté, elle a même contribué à le renforcer, et c’est en cela surtout qu’elle a trahi ses électeurs. La gauche n’a pas su incarner le renouveau qu’elle prétendait incarner les rares fois où elle a été portée au pouvoir pendant la Vème République, et c’est pourtant tout ce qu’on attendait d’elle.

Le logiciel de la gauche est cassé, on l’a trop habituée à faire des alliances, à mentir au premier tour pour mieux s’allier au second et renier ses idées alors qu’elle pouvait se maintenir, et cela au nom de quoi ? Pour faire gagner la gauche ? Même quand c’est impossible ? Et pour faire gagner quelle gauche ?

Pourquoi faire alliance ?

On a constaté que la participation aux élections est plus importante quand il y a une pluralité de candidatures. Pourtant, les politiciens semblent convaincus qu’ils rassembleront plus de voix en s’alliant à des partenaires contre lesquels ils ont mené campagne, ils semblent convaincus qu’ils feront baisser les pourcentages des autres, mais finalement, tout ce qu’ils montrent c’est qu’ils ignorent complètement comment fonctionne un scrutin. Ils ont perdu de vue sa logique, ils n’ont rien compris à la démocratie, et pourtant c’est en son nom qu’ils s’allient les uns aux autres. Ils sont entrés dans un cercle vicieux qu’ils ont eux-mêmes créé. C’est pathétique.

On a de plus en plus l’habitude de voir des partis politiques s’allier en vue du premier tour d’une élection, parfois ils ont la décence d’attendre le second tout en préparant les alliances avant même le premier tour. Ce qu’on ne sait pas toujours, ce qui reste finalement plutôt obscur aux yeux de l’électeur, c’est comment les décisions d’alliances se prennent.

Si, à une époque pas si lointaine, les organisations politiques prenaient encore un peu le temps de débattre de leurs idées communes et de ce qu’elles sont en capacité de défendre collectivement avant de s’allier, la tendance est en train de changer et pas forcément pour le mieux.

Aujourd’hui au cœur d’une organisation politique qui reçoit de temps à autres des propositions d’alliances partisanes, je suis témoin de ce changement et je dois bien avouer qu’il m’inquiète sincèrement. Soit les partis politiques qui nous contactent nous méprisent involontairement, soit c’est volontaire et alors c’est plutôt inquiétant. Récemment, j’ai lu un mail venant d’une personne d’un parti, que je ne citerai pas, qui présentait sa candidature à la tête d’une liste et qui nous a informés, toute fière, qu’elle avait la volonté de monter une liste de gauche, que déjà plusieurs partis l’avait rejoint dans sa dynamique, qu’un autre parti les avaient boudés, mais que comme elle était super fan de notre « côté citoyen et participatif » et que c’était sa « perspective » (!) elle se disait que notre logo ferait vachement bien sur ses bulletins. Dans sa demande, aucune mention n’est faite du programme, ni d’un quelconque projet. Quant à nos idées, elles sont résumées en deux mots : « citoyen » et « participatif », et simplement présentées comme une « perspective » intéressante.

Je suis heureuse d’apprendre que nos idées, si complexes à décider, que nous même qui les portons avons tant de mal à expliquer, sont finalement si simples à résumer. 

Si notre parti politique est une organisation citoyenne, il en va de même de toutes les organisations politiques, du coup chaque fois qu’une personnalité politique parle de « citoyen » comme si elle ne l’était pas, cela m’interroge. Dès lors que nous rejoignons un parti politique, ne sommes-nous donc plus des citoyens ?

Pourtant, les partis politiques sont les principaux acteurs de la citoyenneté dans notre pays, ils participent aux élections, se positionnent dans le cas de référendums, et les élections et les référendums sont les premières et seules occasions que nous avons, en tant que citoyens, de faire entendre directement notre voix par le biais d’un vote. Nos élus ne sont-ils pas des citoyens eux aussi ? Les membres des partis politiques perdent-ils la capacité d’être des citoyens dès lors qu’ils rejoignent un parti ? Qu’est-ce qui fait du Parti Pirate, un parti politique qui se revendique clairement comme tel, un parti « citoyen » plus qu’un autre parti politique ?

Et pour ce qui est du côté « participatif » de notre parti politique, cela m’interpelle. Oui, notre organisation est horizontale et décentralisée, chaque membre peut participer à la prise de décision à son niveau de membre, sans passer par une quelconque instance, oui nous appliquons la démocratie dans notre prise de décision à tous les niveaux, mais pointer le fait que c’est une pratique commune, en particulier chez nous, m’amène à penser que ça ne l’est pas chez les personnes qui le pointent. Alors mes questions s’adressent à toutes les personnes qui sont membres de partis politiques et qui les liront : Comment prenez-vous vos décisions ? Comment décidez-vous de vos orientations et de vos stratégies ? Comment votre organisation décide-t-elle de signer ou non un texte en votre nom à vous, membres de l’organisation, ou comment décide-t-elle d’un accord avec une autre organisation en vue d’une élection ? N’êtes-vous pas, vous aussi, membres d’une organisation démocratique, ou « participative » ? 

La participation prend la forme que l’on veut bien lui donner. Chaque organisation politique dispose de ses propres systèmes de prise de décision, mais lorsqu’il est question d’une élection et d’alliances électorales ou d’opportunités d’alliances, les choix se prennent souvent en comité restreint par les principaux concernés, ceux qui vivent là où se déroule l’élection, mais surtout ceux qui sont les plus proches du pouvoir dans la structure décisionnaire. Oui, les grandes organisations politiques organisent parfois des primaires pour décider de la personne qui portera leur programme, mais dès lors qu’une opportunité d’alliance voit le jour, on se moque des avis des militants de « la base », on sollicite au mieux le Conseil d’Administration, au pire le Bureau du parti pour éviter de perdre un précieux temps dans le cadre de la campagne, d’autant que ces décisions doivent souvent se prendre vite, en quelques heures, et après des tractations parfois musclées entre les membres dirigeants des organisations concernées.

Et au final, qui décide si ce n’est le candidat lui-même ? 

Alors sachant cela, en prenant en considération la pluralité d’idées défendues et portées par les différentes forces politiques qui se revendiquent de gauche, et voyant toutes les primaires organisées de part et d’autre de la gauche au fil des années, ou en découvrant les candidatures revendiquées de gauche qui se déclarent jour après jour pour concourir à la prochaine élection présidentielle, comment peut-on aujourd’hui envisager un instant qu’il soit possible de trouver une seule personne consensuelle pour porter un programme politique résumé en quelques lignes ?

Croyez-vous que le Parti Socialiste qui, bien que morne aujourd’hui, incarnait pourtant la gauche pendant des années, accepterait de se ranger derrière un Mélenchon, un Jadot ou n’importe quelle candidature qui ne serait pas celle choisie par ses membres ? Et si c’était le cas, quelles seraient les conditions d’un tel ralliement dès le premier tour ? Une modification de la Constitution ? Ne devrions-nous pas décider de cette modification avant d’envisager que le Parti Socialiste la soutiendrait ? Et finalement, comment un parti qui a eu à plusieurs reprises l’occasion de changer le système, mais qui s’est refusé à le faire, accepterait-il de porter ce changement ? 

Croyez-vous sérieusement que Europe Écologie-Les Verts, qui vient de désigner son candidat après une bataille acharnée qui a vu se rassembler plus de 100 000 votants, un exploit pour cette petite organisation, mais une goutte d’eau dans l’océan au regard de la force de frappe de la droite, et qui a vu s’affronter 5 personnalités toutes plus différentes les unes que les autres, croyez-vous vraiment que ce parti accepterait de retirer à nouveau (ils l’ont déjà fait en 2017) son candidat de la course, et de prendre encore une fois, comme en 2017, le risque de ne pas se voir représenté à l’Assemblée nationale ?

Croyez-vous vraiment qu’un homme avec un égo aussi énorme qu’est celui de Jean-Luc Mélenchon accepterait, alors qu’il vient d’entamer son dernier tour de piste en rassemblant derrière lui, en quelques heures seulement, autant de personnes que ce que les Verts ont mis des semaines à rassembler, accepterait de retirer sa candidature qu’il voit comme son ultime chance d’entrer à l’Elysée ? 

Croyez-vous qu’un parti comme le NPA, qui n’a absolument rien à voir avec les trois précédents partis cités, pourrait accepter de soutenir l’une des ces trois organisations précédentes malgré le fait qu’il puisse lui aussi concourir à la présidentielle en ayant la quasi certitude d’obtenir les 500 parrainages nécessaires pour y parvenir ?

Et finalement, savez-vous comment fonctionne une élection présidentielle française ? Si vous croyez que l’une des réponses aux questions précédentes est oui, alors je crains que vous n’ayez pas bien saisi l’enjeu qu’une telle élection représente pour chacun de ces partis politiques, aussi permettez moi de vous donner quelques informations qui vous seront précieuses pour, au choix, comprendre qu’un rassemblement de la gauche est impossible, improbable et peu souhaitable pour chacune des forces politiques, ou pour simplement pouvoir briller lors de votre prochain repas de famille.

Que ce soit Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Philippe Poutou ou même Arnaud Montebourg, aucune de ces personnes n’a la moindre chance de gagner la présidentielle et, sauf peut-être pour deux d’entre elles (je vous laisse deviner lesquelles), elles le savent pertinemment mais ça ne les empêchera pas du tout de concourir, parce que la victoire ou la défaite de qui que ce soit n’est pas du tout l’enjeu.
Peut-être avez-vous entendu, ou peut-être entendrez-vous pendant cette campagne certaines personnalités politiques parler des « places aux législatives » ou de certaines négociations qui donneraient à l’un ou l’autre des soutiens de ces candidatures la certitude d’être en bonne place pour entrer ou rempiler à l’Assemblée nationale. Eh bien oui, ne vous y trompez pas, l’enjeu est là, et à ce petit jeu les places sont chères, il faudra se positionner hardiment pour décrocher le Saint Graal auprès de la personne qui voudra bien vous l’offrir.

Notez qu’en écrivant ces lignes, j’assume parfaitement le fait de ne pas être en odeur de sainteté de ces prétendus porteurs de la gauche française lorsqu’ils choisiront qui pourra représenter leurs couleurs ou rejoindre leur alliance sacrée. Les négociations n’ont pas encore eu lieu entre eux, mais j’ose croire que vu la ligne choisie par les Pirates, nous n’entrerons pas dans ces négociations, cela se décidera peut-être un jour, plus tard, si la question nous est posée, mais ça m’étonnerait beaucoup que nous décidions de suivre l’un ou l’autre de ces gros égos. Globalement, la gauche n’aime pas qu’on lui mette le nez dans sa propre merde, et je suis prête à parier que la gauche ne viendra plus nous chercher puisqu’à chaque fois, par transparence et par nécessité de les faire voter par l’intégralité des Pirates, nous rendons publiques leurs requêtes qui sont bien souvent ridicules…

L’élection présidentielle, donc, se déroule en plusieurs étapes, mais tout ce qui se déroule avant l’obtention des 500 parrainages d’élus, en février, soit un peu plus d’un mois avant l’élection en elle même, n’est que pur folklore. Pour pouvoir se porter candidat au scrutin de la totalité des français, les candidats ne doivent pas rassembler plus de 100 000 soutiens, ou 150 000, ou 300 000, ou 1 million, non, la seule condition pour qu’ils puissent se présenter est qu’ils parviennent à rassembler plus de 500 parrainages d’élus, soit des maires, soit des conseillers régionaux, départementaux ou consulaires, soit des députés ou des députés européens, soit des sénateurs, autrement dit ce sont environ 42000 élus qui sont en capacité de soutenir une candidature à l’élection présidentielle. Et pour que les parrainages soient valides, ils doivent être issus d’au moins 30 départements, mais pas plus de 50 parrainages dans un même département ne sera accepté pour chaque candidature parrainée. Enfin, pour pimenter un peu le tout, les parrainages doivent être envoyés par les élus dans un laps de temps assez court, entre 10 semaines et 6 semaines avant le premier tour, puisque les parrainages peuvent être envoyés dès que le décret de convocation des élections est publié, et qu’il doit être publié 10 semaines avant le premier tour, et que les parrainages ne peuvent être envoyés que jusqu’au 6ème vendredi précédant le premier tour… Oui, c’est très court. Une nouveauté survenue en 2017 complique encore un peu plus les choses. Jusqu’à l’élection présidentielle de 2012 inclue, les candidats à l’élection avaient la charge de récupérer les précieux parrainages eux-mêmes auprès des élus durant ce court laps de temps, et de les apporter en mains propres au Conseil Constitutionnel. Mais depuis 2017, ce sont les élus qui doivent transmettre les parrainages au Conseil Constitutionnel directement. Autre petite nouveauté qui va avec cette petite révolution des règles autour de cette élection, le Conseil Constitutionnel fait état du nombre de parrainages reçus par candidature en temps réel, avec un tableau qui est mis à jour par le Conseil lui même au fil des jours, permettant à chaque candidat de savoir s’il lui est nécessaire de rappeler ses soutiens ou non.

Alors oui, aujourd’hui il y a plusieurs personnes qui se sont effectivement déclarées candidates, mais à l’issue de cette sélection unilatérale des candidatures par les élus, seules quelques unes de ces candidatures seront finalement retenues par le Conseil Constitutionnel. La droite n’est pas inquiète, elle obtiendra ses parrainages, elle pourrait même présenter plusieurs candidatures finalement, plutôt que de laisser un seul de ses chefs de file récolter les quelques 3000 soutiens d’élus qu’elle s’apprête à récolter. Et puis, finalement, l’histoire nous a montré que le nombre de parrainages n’influençait pas le score final, Fillon était le candidat qui avait reçu le plus de parrainages en 2017, mais ça ne l’a pas empêché de finir troisième, alors que Le Pen, qui dépassait difficilement les 500 soutiens, avait terminé deuxième, preuve, s’il vous en fallait une de plus, que la représentation de la population par nos élus semble plutôt très éloignée des idées des électeurs…
En 2017, sur les quelques 42000 élus en capacité de parrainer des candidatures, seuls 14296 l’ont finalement fait, soit environ un tiers seulement des élus. Puisque même avec seulement un tiers des parrainages, il est possible pour les représentants actuellement désignés par les différentes forces de gauche de présenter leur candidature, pourquoi diable s’en priveraient-elles ?

Savez-vous combien l’État rembourse d’argent aux candidats à la présidentielle ? Si vous vous présentez et que vous obtenez les 500 parrainages, alors vous êtes quasiment assurés d’être remboursé des frais de campagne éventuellement engagés à hauteur d’un peu plus de 800 000€. 800 000€ c’est une sacré somme, vous le savez, et pour une organisation politique ça peut représenter beaucoup. Alors oui, si vous êtes déjà millionnaire comme Jean-Luc Mélenchon, vous êtes capable d’avancer cette somme d’argent vraiment facilement, mais une organisation telle que le NPA le fera beaucoup moins facilement. Cela dit, une fois la candidature parrainée, quelque sera votre score à la fin, vous pourrez compter sur cette somme pour rentrer dans vos frais et rembourser tout ce que vous aurez dépensé, y compris le temps potentiellement bénévole que vous aurez passé à mener votre campagne, à la rencontre des élus qui vous auront, au final, accordé leur précieux parrainage. Du temps qu’un millionnaire peut se payer, du temps qu’un chômeur devra se payer aussi, et malgré tout le bien que je pense du chômage ou du NPA, je n’imagine pas une seconde que Philippe Poutou passerait à côté de cette belle occasion de gagner un peu plus d’argent que la modique somme que lui reverse peut-être Pôle Emploi chaque mois. Eh oui, une campagne présidentielle n’est pas seulement une question d’égo pour ces messieurs ou pour les partis qui les portent, c’est aussi, comme pour tellement de choses dans ce milieu, une question d’argent, et on parle ici d’une somme d’argent conséquente, très conséquente.

800 000€, c’est à 65000€ près cette somme là dont un parti politique a besoin pour prendre en charger 577 campagnes électorales pour les élections législatives, à raison de 1500€ par circonscription. Ce n’est pas pour cela que la candidature à la présidentielle est indispensable pour les partis qui concourent ensuite aux législatives, mais cela entre tout de même dans le calcul. L’histoire nous a montré qu’il était vain d’envisager d’avoir des élus aux législatives, les élections qui permettent d’élire nos 577 députés qui composent l’Assemblée nationale, si vous n’aviez pas de candidature pour la présidentielle, l’histoire est cruelle. Aussi, c’est pour éviter ce fiasco qu’aucune des forces de gauche ne cédera la place aux autres au premier tour de la présidentielle, ce n’est pas donc pas seulement une question d’égo, ni une question de gros sous, mais bien une question de présence politique dans l’hémicycle pour les 5 années à venir, parce que quiconque aura des députés aura une voix dans les médias, parce que c’est en fonction du nombre de députés que votre parti politique a dans l’hémicycle qu’est calculé votre temps de parole médiatique, et pas seulement en fonction de la taille de votre portefeuille, ou de votre répertoire. Eh oui, c’est là qu’est l’enjeu, une question de communication politique, de présence médiatique, et finalement de pérennité de votre organisation politique et de votre présence dans les esprits de vos électeurs, parce que si personne ne parle de vous, quelles que soient vos idées, quel que soit le fond de votre pensée, alors vous n’êtes personne, vous aurez beau vous débattre, vous défendre, rappeler que vous portez un projet vertueux ou bénéfique, si vous n’avez pas d’élus personne ne parlera de vous.

Donc, pourquoi la gauche ne se rassemblera pas ? Je crois avoir répondu à la question, contrairement à ce qu’on aurait pu croire il n’y a rien de démocratique dans cette impossibilité, ce n’est même pas pour une question idéologique, à priori, mais pour des questions de visibilité médiatique, d’adaptation à un système politique que la gauche elle-même a renoncé à remettre en cause depuis bien longtemps, convaincue comme elle l’est qu’elle pourra un jour en tirer parti, alors que ce système est clairement conçu pour la museler définitivement, à tel point qu’on en vient à se demander, finalement, s’il reste encore une gauche en France.

Source

https://presidentielle2017.conseil-constitutionnel.fr/liste-des-parrainages-valides-du-18-mars-2017/index.html