Des nids de démocratie · 5 septembre 2021

L’illusion démocratique des primaires politiques

Les primaires ont le vent en poupe, comment y échapper… Mais ces élections organisées par les partis sont-elles vraiment aussi démocratiques qu’elles le prétendent ? Quelle image de la démocratie véhiculent-elles ? Et si elles n’étaient finalement que de vulgaires coups de « ComPol » destinés à attirer l’attention d’un public déjà submergé par une campagne présidentielle omniprésente ?

« Il faut trouver un système qui permette aux électeurs de choisir eux-mêmes le candidat qu’ils souhaitent voir représenter l’ensemble des sensibilités qui constituent un pôle d’un côté et un pôle de l’autre. J’ajouterai que ma formule pourrait se révéler également profitable pour les socialistes. Je crois que là aussi il y aura le trop-plein et non pas le vide. » 

Charles Pasqua

Nous sommes en 1989.

Charles Pasqua propose la mise en place d’une primaire en amont de l’élection présidentielle. L’idée est de rassembler les forces politiques de droite sous une seule et même bannière pour éviter une deuxième défaite comme en 1988. L’idée est aussi de limiter le nombre de candidatures, et surtout le nombre de partis politiques en capacité de prétendre à l’élection présidentielle en France.
Oui, en 1989, la primaire politique est une idée portée par la droite et vertement refusée par la gauche de l’échiquier politique. Jusqu’en 1994, à gauche, on refuse qu’une telle idée soit mise en place, cela limiterait l’expression politique, cela empêcherait les petites organisations d’émerger, cela provoquerait un bipartisme dans un pays qui aspire à davantage de pluralité dans sa représentativité. 

Il faut dire qu’à droite, ce qu’on appellerait « une primaire » ailleurs correspond tout simplement à l’élection du président du parti. C’est traditionnellement le Président élu des Républicains qui se présente au nom de ce parti à l’élection présidentielle, et une fois élu Président de la République, il reste Président des Républicains toute la durée de son mandat, ou jusqu’à ce qu’un jeune loup lui dispute la place. Les Républicains portent bien leur nom, ils sont une organisation qui respecte et applique la Vème République à la lettre. N’allez surtout pas leur dire que cette République est bourrée de défaut, ou monarchiste, vous risqueriez de vous en faire des ennemis… Après tout, cette République est l’œuvre de ceux dont ils revendiquent la filiation, de ceux qui voulaient que le pouvoir soit incarné par un homme, un seul, un homme fort, un homme grand, un héros de guerre, un sauveur, que dis-je, LE sauveur de la France, de sa culture, de ses traditions, protecteur du royaume de France, Dame de Peyredragon, Reine de Meereen, Khaleesi de la Grande Mer herbeuse, l’Imbrûlée, Briseuse de chaînes et Mère des dragons… 

Enfin bref, le héros de toutes les droites de ce pays, celui pour qui a été écrite notre Constitution actuelle et quasiment inchangée depuis son adoption malgré toutes les évolutions sociétales et technologiques de notre pays est un général de guerre mort depuis le siècle dernier, cela devrait suffire à nous rendre un peu critique quant à la qualité et à la viabilité de cette Constitution pour les années qui viennent, non ?

A gauche, on choisit un champion de manière un peu différente. Si peu finalement.

Des écuries, des poulains, des partis politiques

Les partis politiques se créent davantage autour des candidats et moins autour de leurs idées, c’est la tradition, c’est l’usage, c’est l’habitude, sale habitude, de la militance politique partisane dans notre pays et de nombreux autres. Les partis sont incarnés, et pour qu’un parti vive, il doit être incarné par une personne, mais pas par plusieurs, une seule suffit, et quand des partis osent se créer autour d’une ou de plusieurs idées mais sans aucune personnalité à leur tête, c’est un peu comme s’il y avait une sorte de vice de forme. Les partis politiques de la Vème République sont construits pour mener campagne pour des personnes, leur nature même n’a pas la vocation à mener campagne pour des idées, encore moins pour mener des débats autour des idées ou, finalement, des personnes. Un parti politique, dans la construction traditionnelle, ce que j’appelle donc un parti traditionnel, c’est d’abord un socle idéologique immuable, et si vous déviez de ce socle, alors on vous montrera poliment la porte.

En France, et dans beaucoup d’autres pays, un parti politique est un lieu dans lequel une personne charismatique s’épanouit, trouve ses soutiens et se projette à l’élection pour laquelle elle souhaite se présenter. Les partis politiques sont bien souvent créés avec ce seul objectif, ils sont finalement à l’image de notre Constitution. Et si l’on considère les partis actuels, on remarque qu’ils sont constitués autour d’un homme (rarement d’une femme), qui porte des idées plus ou moins arrêtées sur un certain nombre de sujets, parfois très spécifiques, parfois très peu. Rares sont les organisations politiques qui se construisent et se maintiennent autour d’idées, et quand c’est le cas elles sont très vite rattrapées par le star système politique et trouvent toujours le moyen de se doter d’une tête pour les guider.

Je ne ferai pas l’historique des grandes forces politiques qui se disputent le pouvoir depuis la fin du XIXème siècle, d’abord parce que je ne suis pas historienne, ensuite parce que c’est très probablement beaucoup plus compliqué que l’idée que je m’en fais. Même si je reste persuadée que tout ce qui tourne autour de la recherche du pouvoir est d’une folle simplicité, et que pour savoir qui l’emporte à la fin, il suffit de se fier à la taille des fortunes, à la taille des égos et au degré d’opportunisme de chacune des fortes personnalités qui ont forgé l’Histoire politique de notre société. Je pense par ailleurs que beaucoup de personnes ont été effacées de l’Histoire, beaucoup de femmes, oui, mais surtout beaucoup de personnes discrètes, des personnes qui se battaient pour des idées mais pas pour la gloire qui découle du combat mené, ni pour la taille de la gueule de celui qui le mène. Combien d’illustres inconnus pétris de convictions profondes mais piétinés de leur vivant par ceux qui ont su inscrire leur nom dans l’Histoire peuplent aujourd’hui les cimetières ?

La recherche du pouvoir, cette quête insensée qui a rendu fou tellement de monde… 

Dans notre société, dans le système constitutionnel actuel, c’est malheureusement cette quête du pouvoir, cette ambition profonde qui réside au fond de chacun des êtres qui se lancent dans la course, qui pousse des hommes et des femmes à se présenter à des élections. Rares sont les altruistes qui se sacrifient sans avoir comme arrière pensée l’idée que leur nom sera à jamais inscrit dans les annales de l’Histoire. L’élection présidentielle est la pire de toutes. Elle génère des tensions monstrueuses au sein même des familles politiques qui peinent parfois à surmonter les guerres fratricides qu’elles font émerger. Si les partis ne parviennent pas à déterminer naturellement qui sera l’homme ou la femme providentielle qui les mènera dans la course à la présidentielle parce que, par leur construction ou à cause de (ou grâce à) une évolution qui les auraient orientés vers une organisation interne plus démocratique, ils dévient de la tradition républicaine, alors il arrive qu’ils aient recours à l’organisation d’une élection primaire. 

Et généralement, c’est là que commence le drame.

Système déployé aux Etats-Unis au cours du XXème siècle, les élections primaires servent à départager les potentiels candidats qui se présenteraient au sein d’un même parti pour occuper le fauteuil de candidat officiel pour ce parti à une élection, le plus souvent à l’élection présidentielle. Autrement dit, en ce qui concerne les primaires organisées dans certains partis en France ou, de manière encore plus contrainte, aux États-Unis, il s’agit d’une élection avant l’élection, un moyen de faire le ménage entre les égos d’une quantité de personnes qui se considèrent toutes plus légitimes à devenir l’homme (ou la femme, mais encore une fois c’est plus souvent un homme) le plus puissant du pays. Il faut dire que devenir l’homme le plus puissant du pays ça doit être vachement alléchant quand on a un énorme égo. Mais le problème n’est pas de choisir celui ou celle qui aurait le plus ou le moins d’égo (c’est à la discrétion de l’électeur après tout) parmi une masse de personnes toutes plus égotiques les unes que les autres, le problème c’est la nécessité de devoir faire ce choix, le problème c’est qu’on ait besoin de choisir une personne pour représenter un parti pour concourir à une élection, et le problème c’est avant tout qu’on confie à une seule personne le pouvoir de diriger un pays comme bon lui semble, devenant ainsi son seul et unique représentant, son chef d’État, le problème c’est que l’on accepte, encore aujourd’hui, et malgré tous les beaux discours sur la démocratie que peuvent faire tous les représentants de partis politiques du pays, de mettre nos vies, notre avenir entre les mains d’un seul homme qui aura, pendant 5 ans, parfois même 10 ans, tout le loisir de décider, sans jamais nous consulter, de ce qui est le mieux pour nous.

Parce qu’ils ne parviendront jamais à s’adapter à un système constitutionnel qui n’est définitivement pas en phase avec les idées qu’ils prétendent porter, certains partis politiques traditionnels français ont fini par décréter, il y a une trentaine d’années, que les primaires étaient un élément démocratique qui manquait pour parfaire leur système de prise de décision. C’est donc en 1995 que la première primaire politique partisane vit le jour au sein du Parti Socialiste.

Petite histoire des primaires socialistes

En 1995, alors que François Mitterrand, homme fort du PS, avait été contraint de passer la main à cause de problèmes de santé qui finirent par avoir raison de lui en 1996, le Parti Socialiste se retrouvait déchiré entre les deux « trains lancés à toute allure » incarnés par Lionel Jospin et Henri Emmanuelli. Il faut départager ces deux hommes en vue de l’élection présidentielle qui arrive, et le parti est particulièrement divisé depuis quelques années, à vrai dire le Parti Socialiste n’avait jamais été aussi chaotique qu’à cette époque. Les socialistes décident alors d’organiser la toute première primaire politique de France. Il s’agira d’une élection interne des plus banales, au scrutin uninominal à un tour, qui n’opposera finalement que les deux hommes, et c’est Lionel Jospin qui la remporte. 

La suite ? Jospin perdra l’élection présidentielle contre Chirac mais le PS étant majoritaire à l’Assemblée nationale, Chirac fera de Jospin son Premier Ministre, la cohabitation tiendra 5 ans à l’issue desquels Jospin et le PS, tellement persuadés de gagner l’élection présidentielle, n’ont pas ressenti le besoin de rejouer le jeu d’une primaire. En 2002, Jospin se présente à l’élection présidentielle sans vraiment faire campagne, avec cette certitude que c’est son tour et que rien ne saurait, cette fois-ci, se mettre sur son chemin vers le trône des trônes. Mais à la surprise générale (était-ce si surprenant étant donné le mépris du candidat pour ses électeurs ?) le candidat socialiste est éliminé au premier tour, et le 21 avril 2002 c’est un Jean-Marie Le Pen tout fringuant qui s’oppose à Jacques Chirac. Le cataclysme est sans précédent. Le Front National a pris la place du deuxième homme de cette élection, reléguant pour la première fois de son histoire le PS au rôle d’arbitre d’une rencontre inattendue… Quant à Jospin, après son cuisant échec, cette violente déculottée, il annonce son retrait de la vie politique.

En 2006, Jospin revient en se disant prêt à diriger le pays, puis se ravise laissant la place à sept prétendants aux dents longues. Quatre d’entre eux se ravisent finalement, mais Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn maintiendront leur candidature. Le Parti Socialiste est contraint d’organiser une nouvelle élection primaire pour les départager. Une fois encore, ce sera une élection interne des plus traditionnelles, au scrutin majoritaire à un tour. Et c’est Ségolène Royal qui la gagnera. La suite nous la connaissons. En 2007, Ségolène Royal perd contre Nicolas Sarkozy, le Parti Socialiste perd donc encore une fois l’élection présidentielle. Il n’a pas accédé à ce pouvoir depuis la victoire de Chirac sur Jospin en 1995 mais il n’a pas lamentablement échoué au premier tour comme 5 ans plus tôt. La France est de nouveau entre les mains de la droite pour encore cinq années, mais vu le score serré entre les deux concurrents, le Parti Socialiste ne perd pas l’espoir de revenir aux commandes du pays… 

(Mitterrand était-il vraiment de gauche ? C’est un autre sujet…)

En 2011, alors bousculé par l’affaire DSK qui enverra au tapis ce qu’il considère comme sa meilleure chance de remporter la présidentielle de 2012, le Parti Socialiste décide de s’ouvrir au monde en organisant une primaire ouverte. C’est une grande nouveauté, et c’est une grande réussite. Avec pas moins de 2,9 millions d’inscrits, c’est la plus importante primaire de l’histoire des primaires en France. Pas moins de six candidatures s’affrontent lors de cette primaire au scrutin uninominal majoritaire à deux tours : François Hollande, Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Ségolène Royal et Jean-Michel Baylet, l’outsider membre du PRG, le seul parti qui accepte alors de participer à ce grand événement. En 2011, le Parti Socialiste est alors dirigé par Martine Aubry. C’est sous son regard bienveillant que s’engagent des négociations programmatiques en prévision d’un accord global pour les législatives entre le Parti Socialiste, le Parti Communiste, le PRG, les Verts et tout un tas d’autres petits partis satellites de ceux-là. Malheureusement, bien que grande favorite, elle perd au second tour de cette primaire face à un François Hollande très bien entouré et parfaitement préparé. En 2012, François Hollande remporte l’élection présidentielle, ravissant à Nicolas Sarkozy le fauteuil sur lequel il aurait bien aimé s’asseoir 5 années de plus… Cette fois-ci, c’est un échec cuisant pour la droite, depuis le début de la Vème République on n’a jamais vu un candidat se présenter à sa succession et perdre lamentablement, en échouant ainsi Nicolas Sarkozy réalise un exploit qui marquera sa carrière et atteindra sa fierté… Mais Nicolas Sarkozy n’a pas tout perdu, en plus de siéger au Conseil Constitutionnel en tant que membre de droit (et bien qu’il n’y siège plus depuis 2013) et de faire la Une de la plupart des journaux quasiment tous les mois à cause de pas moins de 12 affaires judiciaires, il se reconvertira en lecteur pour une grande marque de livres audio un peu moins de dix ans plus tard…

Je ne saurai vraiment comment expliquer ce qui a marqué le début de la fin du Parti Socialiste. Était-ce l’affaire DSK, ou bien la défaite de Martine Aubry, le mandat désastreux de François Hollande, les trahisons multiples des socialistes vis-à-vis de leurs électeurs, leurs trop nombreux renoncements, celui de François Hollande qui se refusait à briguer un second mandat, à affronter un échec certain alors que son poulain non désiré allait sortir du bois, créant un chaos sans précédent… Ou bien peut-être était-ce les dents trop longues de leurs collaborateurs qui n’avaient qu’une envie, celle de prendre la place du chef… Ou bien était-ce encore l’impossibilité, pour un parti qui se revendique de l’héritage de Jaurès, de survivre dans un système qui ne lui est pas naturellement favorable, la Vème République… Il y a trop d’explications possibles, le fait est que le Parti Socialiste se meurt, mais est-ce si dramatique ?

En 2017, le Parti Socialiste organise à nouveau une primaire ouverte sur exactement le même modèle que celle de 2011. Cette fois-ci, en plus du PRG, ce sont plusieurs petites organisations satellites qui s’y joignent pour donner une impression de foule. Mais ce n’est qu’une impression. Si la primaire citoyenne du Parti Socialiste et du PRG avait rassemblé près de 3 millions de personnes en 2011, il n’y aura finalement qu’1,6 million de personnes qui se rassembleront dans les bureaux de vote en 2017, et un peu plus de 2 millions pour le second tour qui verra s’affronter Benoît Hamon et Manuel Valls. Mais la suite fut une véritable catastrophe pour le parti. Benoît Hamon est progressivement lâché par chacun des six autres candidats qui s’étaient engagés à soutenir le vainqueur. Rallié par Yannick Jadot, le vainqueur de la primaire écologiste, Benoît Hamon réalisera le pire score du Parti Socialiste à une élection présidentielle avec 6,36% des voix. Face à lui, Emmanuel Macron, lui aussi ministre sortant du Gouvernement Hollande, remporte l’élection présidentielle en ralliant derrière lui la plupart des candidats déchus de cette primaire ouverte, ainsi que de nombreux autres cadres de toutes ces organisations satellites. À ce moment là, la plupart des gens qui ont voté pour lui en croyant qu’il représenterait dignement les idées portées par le PS ne devaient pas vraiment avoir conscience de ce qu’ils faisaient… Ou peut-être que si… Le fait est que cette défaite a été particulièrement fatale pour un parti qui était déjà en train de couler.

Et nous voici arrivés en 2021. Olivier Faure (le Premier Secrétaire du PS) a annoncé que le PS organiserait de nouveau une primaire. Mais cette fois-ci, fini les conneries, il s’agira à priori d’une primaire interne, comme en 1995 et 2006, il faut croire que les primaires ouvertes ont fait trop de mal au PS. Ce n’est pas de l’avis des écologistes d’Europe Écologie-Les Verts, de Benoît Hamon, de Delphine Batho et des petites organisations politiques qui les suivent qui sont sur le point de voter pour celui ou celle qui portera leurs couleurs en 2022…

Petite histoire des primaires chez les Verts

Il était une fois un petit parti politique qui n’avait pas la culture du chef dans ses gênes et dont la nature profonde poussait à couper les têtes qui dépassent comme on taillerait une haie trop charnue… Ce petit parti politique aux grandes ambitions, construit autour d’un projet avant d’être construit autour d’une personne, celui de faire de l’écologie, a finalement décidé d’adopter un système de choix de son candidat pour la présidentielle inspiré du système états-unien. C’est ainsi que depuis 20 ans, à l’aube de chaque élection présidentielle, les écologistes se battent entre eux pour savoir qui, parmi une sélection de candidatures triées sur le volet, sera le mieux placé pour mener la campagne de la présidentielle en leur nom.

Il faut d’abord savoir que l’organisation partisane des Verts est très largement inspirée de l’organisation partisane du Parti Socialiste avec quelques petits ajustements de forme. Mais bien qu’ils aient cherché à appliquer à leur modèle de prise de décision un système plus ou moins fédéral, les Verts ont peu à peu fini par rentrer dans le moule de la Vème République, avec une tête d’affiche, un modèle décisionnel hiérarchique et une absence de consultation de la base militante en dehors des période de congrès, tous les trois ans. Mais attention, même pendant ces congrès, la base n’est pas directement consultée, elle doit de toute façon nommer des gens qui prendront les décisions en leur nom. C’est ainsi que chez les Verts, comme ailleurs, malgré les nouvelles arrivées, malgré les forces en mouvement qui composent ce parti, malgré des statuts que personne ne connait, et donc que personne ne respecte, mais qui devaient introduire des référendums réguliers et un système d’agora ouvert sur le monde, ce sont finalement toujours plus ou moins les mêmes qui décident.

Après la candidature d’Antoine Waechter en 1988 et celle de Dominique Voynet en 1995, qui réalisent tous les deux un score d’un peu plus de 3%, les Verts décident d’organiser leur première primaire interne en 2001. Cette primaire au scrutin uninominal majoritaire à deux tours verra s’affronter 5 candidatures qui seront départagée par un peu plus de 6000 électeurs. Le député européen et ancien membre du PSU Alain Lipietz, le député et ancienne star du PAF, également chanteur à ses heures perdues, Noël Mamère, le conseiller régional d’Île-de-France, écrivain et critique de bande-dessinée Yves Frémion, le conseiller municipal de Caluire-et-Cuire Étienne Tête, et la parfaite inconnue mais néanmoins très courageuse Alice Crété, seule femme et plus jeune participante de cette primaire, s’affrontent alors dans une course à la candidature qui verra s’organiser par moins de 5 débats thématiques différents dans 5 villes différentes. Lors du premier tour, Noël Mamère caracole en tête avec 42% des voix, mais contre toute attente, c’est Alain Lipietz qui l’emportera au second tour. Et contre toute attente, ce sera finalement Noël Mamère qui mènera la campagne après que le parti a organisé un référendum puis un vote de son Conseil national pour retirer à Lipietz son investiture durement mais loyalement gagnée.

Noël Mamère permettra aux Verts, pour la première fois de leur histoire, de dépasser les 5% des voix à une élection présidentielle. 
Nous sommes en 2002.

En 2006, les Verts rejouent la carte de la primaire interne, encore une fois au scrutin majoritaire uninominal à deux jours. Cette fois encore, 5 candidatures sont enregistrées. Cette primaire verra donc s’affronter le député de Paris et mathématicien Yves Cochet, le sénateur de Paris et ancien permanent associatif Jean Desessard, le confondateur des Verts Alain Uguen, l’ancienne candidate des Verts à la présidentielle Dominique Voynet devenue depuis sénatrice de Seine-Saint-Denis, et la toute nouvelle porte-parole des Verts, également urbaniste, Cécile Duflot. Le résultat du premier tour est très serré, mais moins que celui du premier second tour qui voit s’affronter Dominique Voynet et Yves Cochet. Avec seulement deux voix d’écart (pour un total de votant d’un peu plus de 5000, c’était tout à fait prévisible), la direction décide de rejouer le tour, et à l’issue du deuxième second tour c’est finalement Dominique Voynet qui l’emporte et qui restera cette fois-ci la candidate des Verts (on ne lui fera pas le même coup qu’à Lipietz). Avec 1,57% des voix à la présidentielle de 2007, Dominique Voynet réalise une performance, elle obtient le plus mauvais résultat d’un candidat de son parti à la présidentielle. 

En 2011, les Verts changent leur fusil d’épaule. Déjà, ils changent de nom, adios Les Verts, enfin presque. Dorénavant, vous devrez appeler les Verts autrement, leur nouveau nom est adopté par un vote des membres qui avaient le choix entre plusieurs propositions assez médiocres, c’était peut-être le moins pire après tout, maintenant, vous parlerez d’Europe Écologie-Les Verts, comme symbole de la fusion entre un mouvement annexe qui s’appelait Europe Écologie, et Les Verts historiques. Europe Écologie, ce mouvement dont la quasi totalité des membres ont depuis quitté les Verts… Pardon. Ce mouvement dont la quasi totalité des membres ont depuis quitté Europe Écologie-Les Verts, avait été monté comme un coup de communication permettant aux Verts d’atteindre leur meilleur score aux élections européennes de 2009 puis, dans la foulée, aux régionales de 2010. En 2011, forts de leur nouveau nom, ils décident d’organiser une primaire ouverte quelques mois avant celle du PS. Sur les quelques 32 896 personnes inscrites, 25 437 voteront au premier tour, et 22 896 au second. Ces chiffres sont très intéressants. Déjà, ils nous indiquent une baisse d’intérêt du premier au second tour de cette primaire, ce qui ne s’était jamais produit dans toutes les primaires que j’ai observé pour cet article, ensuite il montre que parmi les personnes inscrites, un nombre assez conséquent n’ont tout simplement pas voté, soit par désintérêt, soit parce que le système était un peu trop compliqué ou inaccessible (il s’agissait d’un vote par correspondance ou par internet, soit il fallait mettre une enveloppe dans une enveloppe dans une enveloppe, soit il fallait disposer d’un ordinateur).

Cette primaire ouverte des Verts enregistre donc 4 candidatures : Le journaliste / présentateur / producteur / aventurier / star du paf / personnalité préférée des français Nicolas Hulot, l’ancienne mannequin devenue juge d’instruction puis députée européenne Éva Joly, le maire de Kaysersberg et conseiller général du Haut-Rhin Henri Stoll et le militant anti-Hulot, anti-nucléaire et Président de l’Observatoire du Nucléaire Stéphane Lhomme. À l’issue du premier tour et contre toute attente (sauf celle des militants qui étaient convaincus que ça se passerait comme ça), c’est Éva Joly qui termine en tête avec pas moins de 12 571 voix, elle est à deux doigts de remporter dès le premier tour avec 49,74% des voix, Hulot termine deuxième avec 10 163 voix soit 40,22%. Elle creusera l’écart au second tour avec 13 223 voix contre 9 399 pour Hulot. Il est tout à fait possible que les soutiens de Nicolas Hulot l’aient tout simplement lâché entre le premier et le second tour, ce qui expliquerait la diminution du nombre de voix. C’est le moment pour moi de vous avouer avoir voté pour Nicolas Hulot à cette occasion, et aux deux tours de cette élection, j’étais persuadée que mon vote serait utile à cette cause que je pensais juste, et que Nicolas Hulot serait celui qui incarnerait le mieux l’écologie politique que je défendais, encore à l’époque, ardemment. Mon ardeur a été douchée par cette échéance et par d’autres événements qui suivirent, mais ce n’est pas le sujet de cet article. En 2012, Éva Joly récupérait un peu plus de 2% des voix au premier tour de la présidentielle. Le lendemain, elle appelait à voter pour François Hollande qui finit par faire entrer deux membres d’EELV dans son Gouvernement : Cécile Duflot puis Pascal Canfin. La suite, vous la lirez en détails sur Wikipédia (ou je peux vous la raconter de mon point de vue, à l’occasion, autour d’un thé).

En 2017, les Verts réitèrent le coup de la primaire ouverte, mais cette fois-ci avec beaucoup moins de succès que la précédente (qui avait eu, il faut bien l’admettre, beaucoup moins de succès que toutes celles organisées par le PS, primaires internes et ouvertes confondues). Cette primaire au scrutin uninominal majoritaire à deux tours réunit un peu plus de 17000 inscrits, avec un peu plus de 12500 votants en définitive (les adhérents étant inscrits d’office mais n’ayant pas tous voté). Quatre personnes déposent leur candidatures : Le député européen et ancien porte-parole de Greenpeace Yannick Jadot, la députée et Paris et ancienne ministre du Logement, ancienne conseillère régionale d’Île-de-France et ancienne Secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot (qui avait fait l’impasse 5 ans plus tôt prétextant ne pas avoir les épaules malgré sa candidature 5 ans avant), la députée européenne, conseillère municipale de Valence, ancienne vice présidente du conseil général de la Drôme et ancienne député de la Drôme Michèle Rivasi et la députée européenne Karima Delli. Vous remarquerez l’augmentation drastique du nombre de femmes, pour la première fois il y en a plus que d’hommes, et rien que pour l’image c’était vachement chouette quand même. La grande favorite était Cécile Duflot, elle terminera finalement troisième au premier tour, avec seulement 24,41% des voix contre 30,16% pour Michèle Rivasi et 35,61% pour Yannick Jadot qui l’emportera au second tour avec 54,25% des voix pour finalement se désister au profit de Benoît Hamon, comme expliqué précédemment. Benoît Hamon aura donc peut-être obtenu un score médiocre aux yeux du Parti Socialiste, mais pour les Verts il reste celui qui aura fait le meilleur score d’un écologiste à une présidentielle de l’Histoire. 

Nous sommes en 2021, dans quelques semaines les Verts vont à nouveau désigner la personne qui portera leurs couleurs, la primaire est déjà bien engagée, il s’agit plus ou moins du même modèle organisationnel que les précédents avec quelques nuances toutefois. Cette fois-ci, comme le PS l’avait fait en 2017, les Verts se sont associés à plusieurs petits partis satellites pour donner une impression de rassemblement. Ainsi, parmi les 5 candidatures qui vont s’affronter (ce qui est donc un petit nombre de candidatures au regard de la primaire du PS de 2017), nous avons encore Yannick Jadot, que je ne présente plus, le maire de Grenoble et fervent opposant au visionnage de porno dans les ascenseurs Éric Piolle, la cheffe de file de Génération Écologie, un ancien mouvement satellite du PS qui a rallié EELV pour l’occasion, également députée des Deux-Sèvres Delphine Batho, le Conseiller municipal de Nice et leader de l’Alliance Écologiste Indépendante, qui a depuis fusionné avec le Cap 21 de Corinne Lepage, ancien propriétaire et créateur de la chaine de magasins de meubles Fly Jean-Marc Governatori, et l’économiste hétérodoxe, écoféministe et ancienne porte-parole des verts Sandrine Rousseau. Nul ne saurait dire qui sera la personne qui sortira en tête de ce scrutin, et bien mal avisé quiconque s’aventurerait au moindre pronostic, les Verts ont montré par le passé que l’issue de leur scrutin est aussi incertaine que l’issue d’une roulette russe, d’autant plus quand elle a lieu à guichet ouvert comme c’est le cas cette année, mais quelque sera le nom de la personne qui portera leurs couleurs, j’ai bien peur qu’il n’y ait toujours aucune volonté réelle de sortir des carcans traditionnels de la Vème République, en tous cas ce n’est pas ce qui transpire de leurs discours, de leurs postures, de leurs prises de position ou encore de l’organisation de leur primaire qui se jouera une fois encore au traditionnel et injuste scrutin majoritaire uninominal à deux tours.

Quand la droite finit par céder à l’appel de la primaire ouverte…

Après avoir observé le succès militant et médiatique de la primaire ouverte du PS en 2012, après avoir assisté, impuissante, à la victoire de François Hollande sur Nicolas Sarkozy, et après le départ fracassant de Nicolas Sarkozy, sous le coup de toutes ses affaires judiciaires et honteux de sa cuisante défaite, la droite s’est finalement retrouvée plus ou moins contrainte et forcée par l’opinion publique de se prêter au jeu des primaires ouvertes. C’est donc en 2015 que le Conseil national de l’UMP décide d’organiser, l’année suivante, une primaire ouverte « de la droite et du centre ». Quand la droite française parle du « centre », elle parle évidemment des partis satellites des Républicains, soit le Parti Chrétien-Démocrate et le Centre National des Indépendants et des Paysans, des partis qui semblent aussi petits et insipides que ceux que je n’ai même pas cités qui ont participé à la primaire du PS l’année suivante. 

En 2016, ce sont donc plus de 4 millions de personnes qui s’inscrivent pour participer au choix du candidat qui incarnera le programme de la droite en France. C’est nettement plus que pour le PS dans sa meilleure année, et ça écrase littéralement la totalité des petites primaires des Verts, toutes années confondues, et même toutes années additionnées, et c’est même bien davantage que le nombre d’électeurs que les Verts ont réussi à convaincre à n’importe quelle élection. Le succès est réel, l’attente est présente, la droite existe bel et bien en France, plus forte que jamais, et là, avec cette primaire, elle est en train de poser ses couilles sur la table.

Sept candidatures s’affrontent lors de cette primaire fratricide. La plupart des candidatures sont des ex ministres de l’un des sept. Parce que oui, c’est le grand retour de Nicolas Sarkozy. Le candidat qui incarnait la défaite de 2012 ose se présenter à cette grande primaire, il finira troisième et ne pourra pas concourir au second tour. Toutefois, il rassemble pas moins de 886 137 voix au premier tour, soit environ 50 000 de plus qu’Éva Joly à la présidentielle de 2012. Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson et Jean-François Copé échouent eux-aussi à rassembler derrière eux, mais bien que bon dernier, Jean-François Copé rassemble quasiment autant de voix qu’Éva Joly au premier tour de la primaire des Verts de 2011 (just sayin’…). Finalement, François Fillon (44,08% des voix, soit 1 890 266 voix) et Alain Juppé (28,56% des voix, soit 1 224 855 voix) s’affrontent dans un second tour que François Fillon remporte haut la main, et sa victoire est sans appel.

L’UDI et le Modem, qui avaient appelé à voter pour Jupé sans pour autant s’engager dans la course, soutiennent finalement la candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle. Lors de la présidentielle de 2017, François Fillon termine troisième, loin derrière Marine Le Pen mais juste devant Jean-Luc Mélenchon, et ce à cause et malgré les quelques affaires judiciaires qui commencent à lui tomber dessus.

Et les primaires non partisanes ?

Vous souvenez-vous de LaPrimaire.org ? En 2016, alors que le PS décevait ce qu’il restait de la gauche française, un mouvement militant émergeait tout doucement autour d’un système de primaire hors des partis à laquelle les électeurs devraient parrainer des candidatures qui, une fois qu’elle auraient obtenu 500 parrainages, seraient départagées avec un scrutin au jugement majoritaire en deux tours (Pourquoi deux tours ? Je l’ignore, le jugement majoritaire fonctionne pourtant très bien en un seul tour…). Le site de LaPrimaire.org enregistre un peu plus de 4000 votants pour le premier tour, et exactement 32 685 au second (loin des 100 000 attendus). Des candidats qui ont bien obtenu les 500 parrainages sont évincés pour d’obscures raisons, les organisateurs ne font pas acte de transparence, on ne comprend pas leurs décisions, ils ne les expliquent pas, ne justifient rien, ce qui ne donne pas vraiment de gage de confiance sur l’opération.
Finalement, 16 candidatures réussissent à rassembler 500 parrainages pour s’affronter au premier tour, il n’en reste que 5 pour le second tour, et c’est Charlotte Marchandise qui est désignée candidate du dispositif à l’issue du deuxième tour de scrutin avec 71,62% de mentions bien. Malheureusement, probablement parce qu’elle a été organisée en dehors des systèmes partisans et à l’écart des élus en capacité de parrainer, LaPrimaire.org ne parviendra pas à rassembler les 500 parrainages d’élus nécessaires pour que la candidature de Charlotte Marchandise aille jusqu’au bout de la course à la présidentielle.

Les législatives qui suivent sont un échec pour les mouvements qui avaient accompagné Charlotte Marchandise jusqu’au bout de sa campagne, les primaires organisées pour départager les potentiels candidatures aux législatives sont boudées par les électeurs, et à l’issue des élections législatives, n’ayant pas obtenu plus de 1% des voix dans plus de 50 circonscriptions, l’organisation obscure « Caisse Claire » n’obtient alors pas de financement public contrairement au Parti Animaliste, par exemple, qui n’avait pourtant même pas essayé d’envoyer de candidature à la présidentielle. 

Le Parti Pirate avait participé à ce mouvement. Après l’échec cuisant des législatives, il a eu beaucoup de mal à s’en remettre et a entamé une longue traversée du désert qui lui a permis de se reconstruire, différemment, et surtout de capitaliser des connaissances solides en matière de campagne électorale avec cette expérience désastreuse. Et je pense qu’on ne l’y reprendra pas…

En 2021, un nouveau mouvement émerge tout doucement, une « Primaire Populaire » qui reprend plus ou moins les mêmes règles que LaPrimaire.org mais avec beaucoup plus de zones d’ombres dans son organisation, des statuts très flous, incomplets, et une équipe salariée conséquente qui ferait pâlir d’envie n’importe quel autre parti politique, le PS compris. Financée par des anciens élus et militants socialistes et centristes, la Primaire Populaire a pris le parti d’inscrire sur son site des personnalités sans leur demander leur avis et d’ouvrir sa campagne avec une base de candidature déjà pré-sélectionnée, contrairement à LaPrimaire.org qui avait choisi de laisser à tout le monde la possibilité de partir sur la même ligne de départ. Montrant dès sa création des signes d’injustice dans la détermination des viviers de candidatures, ne donnant aucune visibilité sur les candidatures proposées par les parrains et ne garantissant en aucun cas une campagne suivie à la candidature qui finira en tête à l’issue d’un scrutin certes au jugement majoritaire (bien qu’on ne sache pas encore très exactement quelle technique de jugement majoritaire sera utilisée), la Primaire Populaire ne semble n’être finalement qu’un énorme coup de communication politique qu’il me tarde de savoir à qui il profitera, et s’il profitera à qui que ce soit compte tenu de l’absence d’intérêt de la plupart des candidatures déjà désignées. 

En effet, parmi les candidatures aujourd’hui inscrites, nous avons Jean-Luc Mélenchon par exemple, et nous savons qu’il maintiendra sa candidature quoi qu’il arrive, qu’il soit ou non vainqueur de la démarche, puisqu’il s’agit pour lui de son dernier tour de piste, de sa dernière occasion de faire le mariole et d’être humilié à l’issue du scrutin qu’il perdra encore une fois, puisque nous savons très bien qu’il n’a aucune chance de l’emporter, qu’il est beaucoup trop clivant, et que la plupart des électeurs de la gauche traditionnelle qu’il ne cherche même plus à convaincre préfèreraient se tirer une balle dans le pied plutôt que de voter pour lui. Mais nous avons aussi que cet homme est beaucoup trop orgueilleux pour retirer sa candidature, et que c’est très probablement à cause de cela que la gauche, si tant est qu’il y en ait encore une en France, n’a aucune chance de gagner en 2022.
Il y a aussi Arnaud Montebourg qui a demandé à ce que son illustration soit retirée, qui refuse d’être associé à cette démarche et qui a lancé sa propre campagne comme on lancerait une mauvaise plaisanterie, la nommant la Remontada 2022, le samedi 4 septembre 2021 devant une foule proche de la frénésie collective, ce que je ne parviens toujours pas à expliquer.
Il y a également toutes les candidatures de la primaire des écologistes (ou presque toutes), mais une seule pourra être maintenue à l’issue de la primaire des écologistes puisque pour concourir à cette primaire chacune des candidatures s’est engagée à ne pas se présenter contre la personne qui sortira gagnante, il faudra donc en éliminer plusieurs qui de toute façon n’avaient pas très envie d’être inscrites sur ce site.
Il y a François Ruffin, Adrien Quatennens ou encore Mathilde Panot qui sont trois fervents soutiens de Jean-Luc Mélenchon et qui n’ont aucune raison de maintenir leur candidature.
Il y a Cécile Duflot aussi, qui serait alors pour la troisième fois concurrente à la candidature pour une élection qu’elle semblait pourtant avoir abandonnée. 
Il y a Anne Hidalgo qui n’a clairement pas besoin d’une telle plateforme… Ou alors peut-être que si, et peut-être que c’est pour elle qu’une telle plateforme a été créée, et alors tout s’expliquerait !
Il y a encore Charlotte Marchandise qu’on pensait également très éloignée de ces considérations mais qui a peut-être pris goût à l’aventure et qui aimerait peut-être retenter l’expérience, parce que pourquoi pas…
Il y a Philippe Poutou qui a déjà un appareil politique à ses côtés pour l’aider dans cette aventure, et qui a déjà annoncé qu’il se lançait, donc qui ne semble pas avoir prévu de respecter l’issue du scrutin organisé par la Primaire Populaire…

Alors, à quoi bon ?

Enfin ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi est-ce que les créateurs de cette plateforme sont à ce point persuadés que leur idée est non seulement bonne, mais la meilleure idée du siècle à les écouter, alors que la moitié des personnes indiquées sur cette plateforme ont déjà demandé à en être retirée, et que l’autre ne soutiendra jamais qui que ce soit d’autre qu’eux-mêmes, et surtout pas la première moitié, et ce quelque sera l’issue de ce scrutin.

Beaucoup de monde est déçu par la politique, globalement, et c’est là le principal argument des personnes qui ont construit ce parti politique (oui, la Primaire Populaire est un parti politique, sachez-le) mais ce n’est pas en mettant en concurrence ceux qui nous déçoivent que nous changerons quoi que ce soit à la situation. 
Combien, parmi les candidatures parrainées, sont des personnes sincères qui n’ont pas envie du pouvoir et qui mettront en place ce que nous espérons ? Personne ! Ces gens sont tous là pour la même chose, le pouvoir hypnotise tout le monde. Tous ils espèrent occuper le fauteuil de Président pendant au moins 5 ans, Montebourg a même déjà annoncé vouloir rallonger la durée de ce mandat ! Non, organiser une primaire entre les acteurs du monde politique d’aujourd’hui ne nous aidera pas à passer à l’étape d’après la Vème République.

Vous voulez du changement ? Incarnez-le, mais n’attendez pas que d’autres l’incarnent à votre place, parce qu’alors vous serez déçus, encore et encore. Ne faites pas jouer les mêmes éternels pions des partis traditionnels, changez les règles, apprenez-en de nouvelles et appliquez-les, et après peut-être que vous serez prêt à changer les choses vous mêmes sans attendre quoi que ce soit de la part d’un homme ou d’une femme providentiel que vous auriez désigné plus ou moins démocratiquement, parce qu’alors tout ce que vous aurez réussi à démontrer, c’est que ce qui compte à vos yeux, c’est davantage la personne que les idées que vous voulez la voir incarner.

« Pourquoi veulent-ils tous faire le ménage avant ? »

À quel moment est-ce que ces gens qui organisent des primaires ont-ils oublié qu’ils se présentaient pour défendre des idées et pas pour défendre le fait de représenter des idées ? Comment, alors qu’on est dans un même parti, et que la candidature à un tel scrutin ne devrait être que le point de départ de la mise en place d’un programme ambitieux de mise à plat de notre système constitutionnel, peut-on s’entre déchirer en se présentant les uns contre les autres à une élection telle que celles organisées par ces partis ? Ma théorie, c’est qu’il s’agit systématiquement de coups de communication qui visent à constituer des troupes en vue de l’élection présidentielle à venir, mais comment des troupes qui se sont affrontées pendant des mois les unes contre les autres réussiront-elles à travailler ensemble main dans la main en vue de la présidentielle ? Qu’est-ce qui garantie que les candidatures qui vont échouer, et il y en a déjà quatre qui seront concernées à la primaire écologiste, rallieront la candidature choisie en définitive ?

Autre question qui me travaille beaucoup ces jours-ci, aux journalistes qui osent encore écrire « le favoris de la primaire écologiste », l’histoire des primaires écologistes ne vous a-t-elle donc vraiment rien appris ?

J’observerai avec attention ce qui se jouera lors de cette élection présidentielle à laquelle je ne compte pas participer à priori, bien qu’aucune décision définitive n’ait encore été prise par le parti dans lequel j’ai choisi de militer. En effet, j’ai prévu de concentrer mes forces sur la campagne des législatives à laquelle je compte bien participer en tant que candidate, sans passer par une case primaire car nous n’aurons pas assez de volontaires pour cela. Aussi, je vais observer chacune des potentielles primaires, chacune des candidatures, et quelles que seront les belles ambitions affichées par celles-ci, je sais déjà avec une quasi certitude de quelle couleur sera le bulletin que je glisserai dans l’urne en mars 2022, si toutefois je me déplace pour le faire…

Mais j’ai hâte de connaitre les arguments que toutes ces personnes chercheront à me soumettre pour me convaincre de changer la couleur de ce bulletin…

Et même, je m’en frotte déjà les mains.

Sources