Je suis abstentionniste et je vous emmerde

Les 20 et 27 juin, je ne suis pas allée voter, j’ai préféré le confort de mon lit à la fraîcheur de mon bureau de vote, j’ai eu du mal à me retenir d’aller glisser un bulletin dans l’urne, mais je ne pouvais pas me résoudre à jouer à ce petit jeu encore une fois, à voter dans le vide, à participer à cette comédie qu’on essaie de faire passer pour démocratie.

Alors non, en juin, je ne suis pas allée voter, et à entendre les pseudo analystes politiques et autres vieux politiciens politicards, ils savent mieux que moi pourquoi je ne suis pas allée voter.

Ils disent que j’avais la flemme.

Mais même si c’était le cas, ce n’est pas pour ça que je suis restée chez moi les 20 et 27 juin. Ils sont tellement convaincus que j’avais la flemme qu’ils ont fait un clip pour me dire que ça prenait 15 minutes d’aller voter. Seulement 15 minutes. De quoi me retirer la flemme c’est évident. Bon, ça n’a pas fonctionné, au contraire, j’ai eu l’impression qu’on se foutait de ma gueule, qu’on me méprisait. 

Ils disent que c’est parce que ça ne m’intéresse pas.

Je dois faire partie de l’infime portion de la population qui sait précisément comment fonctionnent toutes les élections en France, qui a pleinement conscience des règles du code électoral. Je suis particulièrement intéressée par les élections, je vote depuis que j’ai le droit de vote, je n’ai pas manqué une seule occasion pour voter, exprimer mon avis, pas une seule fois je n’ai manqué le rendez-vous qu’on me donnait dans les urnes depuis mes 18 ans. Cette année, c’est la première fois que je n’ai pas répondu à l’appel à voter organisé par mon pays. Ce n’est pas par désintérêt que je me suis abstenue de voter, si vous me connaissez vous le savez, je suis particulièrement intéressée, passionnée même, par les élections. Je pourrais passer des heures à étudier les scores, les sociologies locales, les forces en présence, les règles aussi, et même, dans une moindre mesure, les dépenses des candidats. Non, ce n’est pas un manque d’intérêt, et je suis peut-être une exception, mais je ne peux pas croire que les français ne s’intéressent pas à la façon dont seront dépensés leurs impôts ou gérés leurs territoires. 

Ils disent que je fais le jeu du RN. 

Ceux-là mêmes qui ont tout fait pour que ce parti prenne du pouvoir et le garde, ceux qui ont créé des règles électorales iniques, ceux qui ont tout mis en place pour que les élus restent élus et pour que l’opposition ne puisse jamais avoir voix au chapitre dans la prise de décision, ceux qui ont décidé de ces règles totalitaires, ceux là osent me dire qu’en ne participant pas au jeu injuste dont ils ont eux-mêmes établi les règles je favorise la prise de pouvoir de l’extrême-droite. On croirait rêver. Le RN n’a remporté aucune région, et même si la liste de gauche s’était maintenue au second tour en PACA plutôt que de démissionner au profit du plutôt fumeux « barrage républicain », un barrage qui n’a plus vraiment de sens au regard des politiques portées par certains des partis qui osent encore se revendiquer comme étant des alternatives crédibles au RN, même sans ce barrage le RN n’aurait très probablement pas gagné. Et même si c’était le cas, qu’est-ce que ça aurait changé ? Finalement, avec ou sans l’abstention, les scores n’auraient pas véritablement changés, et c’est d’ailleurs ça qui est terriblement dramatique. Cela n’aurait pas changé, parce que quand on y réfléchit, c’est le principe de bases des sondages. Pour réaliser un sondage, on demande leur avis à environ 1000 personnes sélectionnées en fonction de différents critères, et on part du principe que les résultats que nous obtiendrons seront représentatifs de la population, suffisamment représentatifs pour orienter les candidatures, les votes mêmes, et trop souvent l’issue des scrutins. Ce qui est d’ailleurs assez intéressant à observer, c’est que les mêmes qui commandent les sondages sont les premiers à fustiger les abstentionnistes pour leur avoir fait perdre l’élection, ou avoir contribué à faire grimper le score de leur principal opposant, ou même du RN… Paradoxal, non ? D’ailleurs, les sondages annonçaient le RN comme grand vainqueur de ces élections. Le résultat : Malgré l’abstention, le RN n’a remporté aucune région. Et moi, là, en appliquant le même raisonnement simpliste du plus simpliste des politistes, je suis à deux doigts de croire que l’abstention fait perdre le RN… À force d’accuser les autres de faire monter le RN, à force de rejeter la faute sur les autres, les partis traditionnels ont carrément perdu de vue leur propre responsabilité dans la situation actuelle. Qui « joue le jeu du RN » aujourd’hui ? Les abstentionniste en n’allant pas voter ? Ou les partis tradis en focalisant toute leur dialectique sur celle du RN ? Quand l’un parle de racisme, l’autre parlera de racialisme et le troisième n’en parlera pas tout en en appliquant les principes de base, au final tous font la même chose et personne ne lutte contre ce serpent de mer qui se développe dans les esprits. La haine n’a pas « changé de camp », elle est dans tous les camps et n’en partira plus. Et peut-être que les électeurs en ont simplement marre de voter contre les autres et aspirent plutôt, pour une fois, à voter pour leurs idées…

Ils disent que j’aurais pu au moins voter blanc.

Oui, j’aurais pu, et d’ailleurs c’est bien ce que je défends dans plusieurs de mes articles, c’est en effet une position que je prenais avant. Oui, autrefois, j’ai aussi dit aux abstentionnistes qu’ils pourraient au moins voter blanc, mais à bien y réfléchir, le vote blanc n’est pas pris en compte dans les élections. Et puis finalement, on a beaucoup parlé de l’abstention, on n’a pas du tout parlé du vote blanc. En Île-de-France, au second tour des régionales, on a compté plus de 60 000 bulletins nuls et blancs dont un peu plus de 40 000 blancs, mais avec au total plus de deux fois plus d’abstentionnistes que d’exprimés, je comprends qu’on s’en tape du vote blanc. En fait, je ne comprends même pas comment on peut accepter un tel score. Les élus devraient démissionner, en fait ils ne devraient même pas être élus. Il devrait y avoir un seuil minimum d’exprimés à dépasser pour être élu, et si ce seuil n’est pas dépassé on devrait refaire l’élection. Le fait que des gens soient élus pour 7 ans sur la base d’un tiers seulement des électeurs, c’est inadmissible. À leur place, j’aurais honte. Mais plutôt que d’avoir honte ils sont fiers, ils annoncent tous très fièrement qu’ils sont élus, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition, ils se gargarisent de leur élection, regrettent de ne pas être dans la majorité, mais à aucun moment ils ne remettent en question leur propre élection. Enfin, sérieusement, avec ce niveau d’abstention, ils n’ont aucune légitimité à occuper ce siège de conseiller régional ou départemental, ils ne représentent personne, vraiment personne, mais ils se mettent en scène comme si de rien n’était, ils s’assoient autour d’une assemblée illégitime pour décider dans leur coin de la façon dont ils dépenseront l’argent public sans nous demander notre avis, que nous ayons voté ou non. Elle est où la démocratie là-dedans ?

Ils disent que c’est parce que je ne suis pas démocrate.

Je pense être plus démocrate que la plupart des partisans tradis qui qualifient de démocratie un système qui ne l’est pas. Je ne suis pas allée voter parce que je n’avais pas envie de voter contre les listes et candidatures qui se proposaient. Parce que oui, si j’avais voté j’aurais voté blanc en étant pleinement consciente que ça n’aurait absolument rien changé au résultat. Alors quel intérêt ? Pourquoi jouer à ce petit jeu ? Pour leur donner la légitimité d’être élus ? Pour leur donner du poids ? Quel poids ? J’aurais voté contre eux, si j’avais voté autre chose que blanc cela aurait été forcément pour éviter que le pire n’arrive. Je l’ai fait en 2017, j’ai voté contre Le Pen, je regrette finalement, je regrette d’avoir participé à ça, je regrette d’avoir contribué à l’élection d’un homme qui n’a fait que monter les gens les uns contre les autres pendant toutes ces années. Et au lendemain d’un scrutin qui a vu plus des deux tiers de notre pays s’abstenir, on nous parle déjà de cette fatalité, de ce second tour de la prochaine présidentielle qui laissera deux personnes s’affronter, les deux mêmes, Le Pen et Macron. Comment pouvons-nous accepter ça ? Comment pouvons-nous participer à ça ?

Ils disent que j’aurais pu présenter ma candidature.

Non je n’ai pas pu. J’ai essayé, mais pour ma région, en Île-de-France, il fallait rassembler 209 personnes, autant d’hommes que de femmes, et les trouver avant une date fatidique, et pour qui nous aurions dû rassembler des formulaires CERFA manuscrits, soit 209 formulaires, ainsi que des justificatifs d’inscription sur les listes électorales, soit 418 documents auxquels vous ajoutez une déclaration supplémentaire… On va arrondir à 420. Et moi, je suis bénévole, je n’ai pas de salarié à ma disposition pour faire ce travail. Les listes qui avaient la certitude de faire plus de 5% ont pu se permettre de payer des gens pour faire ce travail, d’une part parce qu’elles avaient des partis derrière elles, d’autre part parce qu’elles avaient les sondages avec elles lorsqu’elles sont allées faire une demande d’emprunt à leur banque. Parce que pour participer aux élections, il faut de l’argent, pas seulement pour payer l’éventuelle personne qui va rassembler les quelques 420 pages de votre dossier de candidature, il faudra payer aussi vos propres bulletins de vote, vos circulaires, vos éventuelles affiches, et vos déplacements aussi parce qu’une région c’est grand, et il faut les coller les affiches à un moment. Alors non, je n’avais pas les moyens, ni les volontaires pour m’accompagner dans cette aventure. Et même si j’avais trouvé les volontaires, je n’aurais sans doute pas trouvé l’argent pour payer les documents de campagne, pour payer les bulletins pour recueillir assez de voix pour prétendre avoir des élus à l’issue du scrutin. Parce que non seulement j’aurais dû payer mes propres bulletins, ce qui représente une somme d’argent assez importante, mais en plus, même avec des voix, il m’en aurait fallu beaucoup pour prétendre au remboursement de mes frais de campagne par l’État (au-delà de 5% des voix, vos frais de campagne sont en grande partie pris en charge par l’État) ou à participer au second tour (avec 5% des voix, je peux prétendre fusionner avec une autre liste au second tour, mais pour rester indépendante j’aurais du rassembler 10% des voix dès le premier tour). J’explique longuement le principe des scrutins iniques de notre pays dans plusieurs articles, je sais très bien de quoi je parle quand je dis que non, ce n’est pas « facile » de se présenter aux élections, et qu’il est temps d’arrêter de répondre aux abstentionnistes que « si t’es pas content t’as qu’à te présenter et puis c’est tout, parce que c’est simple de participer aux élections, tout le monde peut le faire », parce que c’est tout simplement stupide et parfaitement faux.

Ils disent qu’ils veulent m’obliger à voter.

Ils refusent de prendre en compte le vote blanc dans les exprimés, mais ils pensent qu’en m’obligeant à aller voter ça changera quelque chose au résultat du vote. Si on m’obligeait à aller voter, je ne sais pas comment je réagirais. Est-ce que j’irais voter ? Peut-être, mais la justice étant déjà tellement débordée, j’imagine qu’elle ne me poursuivrait pas s’il s’avérait que je ne paie jamais l’amende qu’on me collerait en cas d’abstention, comme c’est le cas chez nos voisins les belges qui ont mis en place cette obligation. Ou peut-être que par vengeance, ou par esprit de contradiction, je voterais pour le pire des candidats, c’est peut-être pour ça que Bolsonaro a été élu au Brésil, un autre pays dans lequel le vote est obligatoire. Mais finalement, on en revient à mon propos de départ, cela ne changerait rien au score final, sauf si toute la population avait la même réaction que moi et voterait pour le pire des candidats, les scores seraient sans doute plus ou moins les mêmes. Ou peut-être que finalement, le vote obligatoire serait le meilleur moyen de faire élire la pire des candidatures possible. Est-ce que vous voulez vraiment prendre ce risque ?

Ils disent que c’est parce que le mode de vote ne convient pas.

Ils proposent de mettre en place le vote électronique, le vote en ligne, le vote par correspondance, mais ils oublient que si on vote comme on vote aujourd’hui c’est qu’il y a une bonne raison. Même les plus technophiles des militants politiques, même les membres du Parti Pirate vous diront que ces systèmes de vote alternatifs sont des erreurs. Le vote doit être sincère, secret et égal. Le fait d’avoir accès à un isoloir, de mettre son bulletin dans une urne, c’est cela qui permet de rendre le vote secret, sincère et égal. Si vous mettez en place un système en ligne ou par correspondance, vous mettez en danger la sincérité et le secret, vous ne pouvez savoir qui sera derrière l’électeur pour lui dire comment voter lorsqu’il votera. Si vous mettez en place une machine à voter, la sincérité sera également mise en danger, parce qu’il est impossible de conserver une trace de votre vote lorsqu’il part dans une machine. Il n’existe, aujourd’hui, aucun système de vote qui soit plus adapté à notre pratique et à notre système électoral que le système que nous avons actuellement en France. Pour l’heure, compte tenu des règles en place et des votes qu’on nous propose de faire, les bureaux de vote ne doivent ni ne peuvent être remplacés par un autre système de vote car même s’il y a déjà eu des expérimentations de différents systèmes de vote un peu partout dans le monde, aucun autre système ne permet de maintenir le secret, la sincérité et l’égalité des scrutins. Ceux qui vous affirmeront le contraire sont des menteurs.

Ils disent qu’il faudrait m’interdire de voter en 2022 parce que je n’y suis pas allée en 2021.

Je ne suis pas sûre qu’ils se rendent compte de la gravité de cette proposition. En 2022, la personne qui gagnera l’élection présidentielle pourra vraiment changer les choses, elle pourra lancer une constituante, elle pourra changer les règles du jeu. M’interdire de voter en 2022 alors que je refuse de participer en 2021 à un système que je rejette, c’est complètement con. Si je rejette le système aujourd’hui, comment pourrais-je m’y opposer autrement qu’en participant aux élections de 2022 ? J’aimerais voir émerger une candidature Pirate à la présidentielle, une candidature d’une personne qui remettrait en question le système, qui le questionnerait vraiment, je ne veux pas de quelqu’un qui proposerait une nouvelle République clé en main, avec encore un système représentatif, encore des élus, je ne veux pas de quelqu’un qui ignore même le principe de démocratie liquide, ou d’un néophyte en la matière, ni de quelqu’un qui a passé sa vie à être élu sans jamais remettre en question la façon dont il a été élu, non, moi je veux quelqu’un qui propose une véritable démocratie, de quelqu’un qui propose une réelle évolution de notre système électoral et de notre système constitutionnel, de quelqu’un qui connait au moins aussi bien que moi la façon dont s’organise notre pays et notre processus électoral, de quelqu’un qui n’aurait pas un égo surdimensionné au point de créer un parti autour de sa petite personne, ou de se présenter inlassablement aux élections, à toutes les élections, d’enchainer les mandats les uns après les autres pour répéter toujours les mêmes rengaines auxquelles ils ne croient pas une seconde… Je ne veux pas d’un comédien pour jouer ce rôle, je veux une personne honnête, sincère, loyale, qui n’a rien à perdre et qui n’a aucune volonté de devenir Président, je veux de quelqu’un qui ne soit pas intéressé, mais pour avoir une personne désintéressée à ce rôle, encore faut-il la convaincre de s’y présenter. Peut-être que 2022 c’est trop tôt, trop ambitieux, peut-être que nous devrions attendre encore 5 ans pour nous projeter vraiment sur cette élection, pour espérer qu’une personne honnête changera les choses, mais je pense aussi qu’il y a urgence, j’aimerais tellement que ce système change, et je ne crois pas que ces partis tradis qui organisent aujourd’hui la vie politique dans notre pays en soient capables.

Ils disent que je devrais avoir honte de ne pas être allée voter.

Je n’ai pas honte de m’être abstenue de voter les 20 et 27 juin derniers, même s’ils font tout pour que j’en aie honte. C’était la première fois que je n’allais pas voter de ma vie d’électrice. Plein de gens ont essayé de me culpabiliser, de la même façon que j’avais essayé de culpabiliser les abstentionnistes il y a encore quelques années. Et ça, j’ai aujourd’hui honte de l’avoir fait. Je comprends maintenant pourquoi on peut ne pas vouloir aller voter, ne pas vouloir participer à cette comédie. C’est une comédie, j’en décris longuement les différentes scènes dans mes articles, mon objectif militant est que vous la compreniez, que vous la détourniez, la contourniez, la piratiez, avec moi, pourquoi pas, mais surement pas que vous y adhériez aveuglement sous prétexte que c’est pire ailleurs… Et eux, ils n’ont pas honte d’être élus, même s’ils devraient avoir honte de l’avoir été aussi mal, même si la meilleure chose qu’ils pourraient faire de leur mandat serait de démissionner pour refaire l’élection.

Ils disent que j’aurais dû aller voter parce que c’est pire ailleurs.

Et alors, ce n’est pas une raison suffisante pour justifier la médiocrité de notre système électoral. Nous devons nous améliorer, nous devons projeter notre modèle électoral vers la démocratie. La démocratie, c’est une échelle. Plus nous grimpons plus nous atteignons un niveau supérieur d’exigence démocratique, de perfection. Mais en France, nous stagnons, nous régressons même, dès que nos parlementaires touchent au code électoral c’est pour rester au même niveau ou bien pour descendre l’échelle, jamais pour la monter. Remettre en question notre système est sain, refuser de le remettre en question c’est s’enfermer dans un dogme, dans la croyance que nous sommes en démocratie et qu’il nous est impossible de nous améliorer, et je refuse de m’enfermer dans un dogme. Nous ne sommes pas « en démocratie », il existe un grand nombre d’évolutions possibles pour que nous puissions un jour prétendre que nous nous en approchons, mais nous ne nous approcherons pas de la démocratie si nous refusons de remettre en question notre système sous prétexte que « c’est pire ailleurs ».

Ils disent que c’est parce que je n’ai plus confiance.

À vrai dire je n’ai jamais eu confiance. J’ai toujours considéré les politiciens comme des menteurs opportunistes dont le seul objectif était de m’extorquer ma voix une fois de temps en temps pour vivre aux crochets de l’État. Cela ne m’a pas empêché d’aller voter, toujours pour le moins pire, toujours pour celui qui me semblait le plus sincère, le moins opportuniste, le moins malhonnête. Un jour, j’ai décidé de m’investir en politique en me disant que je ne pouvais pas juste rester spectatrice, que si je voulais que ça change je devais entrer dans le système et changer les règles de l’intérieur. J’ai rejoins un mouvement de jeunesse, puis j’ai été recrutée dans un parti politique. Au début, je pensais que c’était le meilleur des partis politiques, mais j’ai vite découvert que c’était seulement le moins pire de ceux en capacité humaine et financière de présenter des candidatures aux élections. Aujourd’hui, je suis engagée dans une organisation dans laquelle je suis autant capable que les autres membres de prendre des décisions pour nos choix politiques, notre stratégie, nos candidatures. Je sais qui va me représenter, je contribue à le décider, et à décider de la façon dont il fera campagne, et je sais quelle sera sa mission, ce sera la même que la mienne, la même que celle que j’ai toujours eue : Entrer dans le système pour changer les règles. Je sais que cette mission ne changera pas parce que nous n’avons aucun intérêt à rester élus et à trahir nos idées et notre volonté, parce que nous n’accepterons jamais ce système qui nous impose des élus qui ne nous représentent pas pendant une durée déterminée, qui viennent nous demander notre voix une fois de temps en temps et qui ne nous rendent jamais aucun compte. Je refuse de laisser entre les mains de personnes incompétentes des choix qui me concernent en premier lieu. Je refuse de me laisser infantiliser, ni de laisser mes concitoyens l’être comme nous l’avons toujours été, cela doit changer. Je suis tout aussi capable que n’importe qui d’autre de prendre moi-même des décisions, pour débattre, pour voter en pleine conscience pour mes idées, et pas pour des personnes qui prétendront les défendre jusqu’à ce qu’elles soient élues et qui me trahiront dès qu’elles auront été élues. 

Ils disent que voter pour des gens c’est ça la démocratie.

Et là moi je dis non. La démocratie c’est décider, pas voter pour des gens qui décideront à ma place de ce qui sera le mieux pour moi et pour les miens. La démocratie, c’est voter, oui, mais ça dépend des conditions dans lesquelles on vote, des choix qu’on nous propose, de la façon dont on nous les propose… Aujourd’hui, pour faire démocratie on nous propose de choisir parmi des gens qui décident sans nous des idées qu’ils nous imposeront pendant la durée de leur mandat, et sans jamais nous rendre de compte. 

Et ça, voyez-vous, ce n’est pas ça la démocratie.